De : ARdN
Date : Vendredi 4, Janvier 2002 20:23
Objet : Les rats d'Amérique
...un p'tit dernier pour la route...
...à quatre mains aussi...dont deux posthumes...brrr ; - o ))
l’original
Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
(Recueil : Les fleurs du mal)
Les chats
Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté
Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres ;
L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin ;
Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques,
Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,
Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
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Les rats, les rats !...damné Rick...
Les savoureux grands vents et cabinets austères
Logent également, dans leur dure raison,
Les rats méchants et fous, honte de la maison,
Qui comme eux sont huileux et comme eux font "Dentaire".
Tapis dans le silence et les humilités
Ils recherchent science et lumière des ténèbres ;
La Sécu les eût pris pour des boursiers funèbres,
S'ils avaient au plombage abaissé leur fierté.
Etrennant en rongeant les doctes habitudes
Ces ornithorynques usés de solitude,
Immobiles déroulent un rêve sans faim ;
Leurs freins impuissants sont pleins de sels maléfiques,
Et leurs prunelles rouges, ainsi qu'un vin fin,
Strient sanguines la nuit de reflets hystériques.
ARdN 04-01-2002