Cette couverture est typique du genre d’humour pratiqué par Hara-Kiri et bien d’autres humoristes actuels : pour faire fonctionner les zygomatiques du lecteur, il suffit de mélanger deux événements qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Bal tragique à Colombey : un mort en est l’exemple le plus édifiant.
Mais au fait, c’est qui le forcené de Cestas, Papy ? Cestas, terre de tradition et de contraste, est une ville située non loin de Bordeaux qui connut en février 1969 la première prise d’otages médiatisée. Un père de famille divorcé s’était retranché armé, dans sa ferme, avec ses deux enfants (11 et 13 ans). Il refusait la décision de justice qui lui ôtait la garde de ses enfants. L’assaut fut donné au bout d’une semaine. Magnifique tableau de chasse : un gendarme tué (par le père), les deux enfants (tués par leur père), le père qui, ayant de la suite dans les idées et suffisamment de cartouches, s’est suicidé.
Évidemment, on est loin du massacre de Charlie mais le score n’est pas honteux. Cette histoire est bien triste et nous montre que l’affection paternelle a parfois du plomb dans l’aile. Plus sérieusement, ce qu’il faut retenir de ce fait divers, c’est l’hyper médiatisation de cet événement qui a duré presque une semaine. Je m’en souviens encore…
D’ailleurs, ce numéro de Hara-Kiri hebdo n’est pas en reste. Outre la couverture, Reiser et à nouveau Cabu évoquent ce fait divers.
L’édito de Cavanna est écrit depuis Milan d’où il a raté son avion pour Paris. Pourquoi Milan ? Hé bien parce qu’on y trouve une imprimerie qui imprime Hara Kiri Hebdo moins cher qu’en France ! Et vous savez quoi ? Ces faux-jetons de Ritals s’étaient mis en grève écrit Cavanna, ce qui ne manque pas de sel venant de lui !
Cabu, qui occupe une page entière, fait toujours dans la variétoche et le culturel : Barbara, Gilbert Bécaud, Karajan…
Le Professeur Choron nous propose un jeu dont il a le secret : faire rouler une cigarette par des personnes cul nu et fesses contre fesses. Il précise : Il est interdit de lécher le papier pour que ça colle. On voit par là que l’esprit du mensuel est toujours présent, mensuel qu’il était conseillé de voler si l’on n’avait pas suffisamment d’argent pour l’acheter…
Michel Tournon