La preuve sociale
La preuve sociale, c’est l’argument du nombre. Le charlatan, pour vous vendre son idéologie ou sa camelote, revendique un nombre plus ou moins important d’adeptes ou d’utilisateurs pour vous inciter à devenir vous-même adepte ou utilisateur. Point d’évaluation objective, point d’étude clinique ou comparative : seul le nombre compte. Les publicitaires utilisent fréquemment « la preuve sociale » : vu à la télé, pour un livre 100 000 exemplaires vendus, etc. Il s’agit là d’une technique manipulatoire dangereuse car elle fait appel à un prétendu « bon sens » (celui du nombre), s’exerçant au détriment d’un raisonnement logique.
En France, beaucoup affirment que, vu le nombre de médecins homéopathes (qui n’est d’ailleurs en aucun cas une spécialité médicale reconnue) et le nombre d’adeptes de l’homéopathie, cette « médecine » doit forcément fonctionner. Toutefois, aucune étude à ce jour (il y en a eu beaucoup) ne permet d’affirmer que l’homéopathie soigne plus que l’effet placebo. C'est comme si l'on devait se convertir au catholicisme ou à l'islam parce que les représentants de ces religions sont environ deux milliards sur la Terre... Vu que je suis athée, Dieu m'en préserve.
Extrait du site charlatans.info :
Le principe de la preuve sociale, associé à celui de l'ignorance collective, veut faire de nous de véritables moutons de Panurge. Ces phénomènes, relevant de la psychologie sociale, sont parfaitement connus et maîtrisés par les charlatans, c'est ce qui leur permet de parer à l'absence de recherches dans leurs domaines propres, et l'absence d'éléments de preuves scientifiques venant soutenir leurs déclarations, faisant reposer la décision de leurs clients potentiels sur l'argument du nombre de clients ou d'adeptes, la conduite des autres devant nous indiquer le comportement à suivre dans un cas identique face à des affirmations similaires. C'est la raison pour laquelle le témoignage ou l'anecdote sont des éléments clés pour les vendeurs en tous genres, et tous les raconteurs d'histoires un tant soi peu étranges ou "surnaturelles". À cela s'ajoute le principe de similarité qui veut que l'on écoutera et qu'on suivra davantage un témoin, ou un groupe de personnes, nous ressemblant plus que quelqu'un à l'opposé de nos standards sociaux.
La prétendue efficacité des patamédecines et autres pseudosciences n'est étayée que par la profusion des témoignages et anecdotes : la quantité (parfois inventée) n'a jamais été synonyme de qualité... Sinon, la croyance prime sur le raisonnement.
Nous sommes tous influencés par le comportement des autres que nous avons tendance à imiter s’ils sont nombreux à posséder ledit comportement et si l’on n’a pas d’information pour nous faire une opinion sur une situation donnée. Nous imitons d’autant plus facilement que cette action est simple à effectuer.
On doit donc se méfier de l’avis des autres en examinant soigneusement leurs arguments. Sinon, asinus asinum fricat...
Quelques références : sur ce site, celui-ci ou celui-là.
Et aussi cette page et la bibiographie qu'elle propose.
Michel Tournon