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12 novembre 2008 3 12 /11 /novembre /2008 18:23
Les Citronniers

    La veuve palestinienne Selma ne veut pas que l’on arrache les citronniers de son verger : la vente de ces citrons lui permet de vivre, et en plus, il s’agit de l’héritage paternel. Le hic, c’est que l’arracheur n’est autre que l’armée israélienne qui juge que ledit verger peut constituer une menace (faciliter la fuite de terroristes potentiels) à l’encontre du Premier ministre dont la propriété est mitoyenne.

    Cette bataille, façon pot de terre contre pot de fer, n’est pas une histoire hollywoodienne : l’épilogue est mi-figue mi-citron et point de mauvais ou de bons à 100 % hormis peut-être Selma qui perd des plumes dans la bagarre alors qu’elle n’avait rien demandé à personne.

    Ce qui est au départ une anecdote devient un fait divers ponctuel international parce qu’il est édifiant, parce que les journalistes s’emparent de l’affaire et que la plupart des gens aiment qu’on leur raconte une histoire. Au travers des péripéties (jugement, appel à  la Cour Suprême), ce sont les caractères des personnages et l’évolution de leurs relations en fonction des événements qui sont les plus intéressants.

    Pour son combat, Selma fait appel à un jeune avocat (sans noyau, ce qui est rare en Israël) avec lequel elle aura une liaison mal vécue par son entourage en raison du poids de la religion et de la tradition : une veuve musulmane ne se comporte pas de la sorte, d’autant que le coquin pourrait être son fils. Cette fatalité est un fil conducteur du film qui décrit des situations dans lesquelles les personnages sont prisonniers de leur fatum, pas seulement à cause de la religion. Selma a trois grands enfants qui sont partis mais qui ne se soucient guère des ennuis de leur mère, elle sait pertinemment, des son début, que sa liaison amoureuse sera brève, il est légitime que l’armée veuille protéger efficacement le ministre de la Défense, le jugement final, quoique tempéré, donne plutôt raison au pot de fer et le jeune avocat aux dents longues la quittera à l’issue du procès.

    Hiaim Abbassi (Selma) est l’actrice idéale pour ce genre de rôle elle est moins pulpeuse que ses citrons mais  le genre Irène Papas en plus plébéien colle bien au personnage. On a de l’empathie pour elle, l’injustice qu’elle subit nous concerne et nous révolte.

    À plusieurs reprises, il est dit que la limonade faite avec ces citrons est délicieuse. Mais au final, pour le spectateur, le goût acidulé du citron laisse place à une saveur amère. Dans ce très bon film (qui vient de sortir en DVD), l'armée israélienne fait vraiment un Tsahal boulot...

 
Michel Tournon

Pour plus d'informations sur ce film, aller sur Allociné



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