Dans une langue artificielle, il faut bien traduire les mots qui existent déjà, surtout lorsqu’ils dégagent les miasmes et autres remugles délétères de la langue dominante. Le préservatif masculin se nomme couramment « Capote anglaise ». On imagine les affres des espérantistes si la traduction officielle avait été « Capota Inglesa ». La référence au grand Satan est impensable.
J’en connais qui ont décidé d’avoir des rapports sexuels frustrants tant que ce mot n’est pas traduit. Au passage, je ferais remarquer que « coïtus interruptus » est un mot d’origine latine, issu d’un peuple hégémonique qui a imposé sa langue au travers de l’Europe pendant des siècles. Mais bon, ces bonnes gens doivent assumer leur contradiction, comme on le dit de plus en plus fréquemment pour justifier un comportement incohérent.
Toutefois, pour leur venir en aide, je propose une solution originale, qui saura, je l’espère, trouver grâce dans le monde très fermé des thuriféraires de l’espéranto.
Je suggère de donner au préservatif masculin le joli nom de « Lauriétin ».
Pourquoi me direz-vous ? La réponse coule de source : avec un préservatif, on a le bout qu’est garni, d’où la référence au laurier et au thym, avantageusement contracté en « Lauriétin », pour fluidifier le flot de la conversation !
Maintenant, pour utiliser avantageusement votre lauriétin, il va vous falloir trouver le pot-au-feu dans lequel vous allez l’introduire. Et là, je vous conseille Germaine Macreuse et son gîte-gîte rural (elle est charmante, mais bègue).
Attention à l’os à moelle.
Michel Tournon