Récemment, nous parlions des Inuits. Évoquer les Inuits sans parler du renne, c’est comme un baiser sans moustache, Milan sans Remo ou un apéritif sans gria. Dans le Grand Nord, c’est au renne que l’homme doit sa survie : il se nourrit de sa chair et confectionne, grâce au cuir de cette bête, ceintures et harnais : l’Inuit a donc lard et la lanière, ce qui n’est pas donné à tout le monde sous cette latitude.
En Amérique du Nord, le renne se nomme « caribou ». L’origine de ce mot est simple : le premier Inuit qui mit un morceau de renne dans la marmite, s’aperçut que même lorsqu’on arrêtait le feu, la gamelle continuait à bouillonner. Il se mit alors à scander une complainte, rapportée par Jean Malaurie dans son livre Les derniers Rois congratulés : «On, on, on, l’renne, i n’est pas mor, caribou encor, caribou encor !”. Malgré la rusticité du propos, on comprend aisément l’étymologie de ce vocable.
À la saison des amours, le mâle bourre la renne et comme dans les familles royales, on trouve des rennes mères. Toutefois, contrairement aux usages royaux, le petit n’est pas un dauphin mais simplement un bébé renne. Mère nature est vraiment facétieuse. Le renne n’a pas beaucoup d’imagination pour choisir le prénom de sa progéniture. Pour cette raison, on trouve plein de rennes Claude et plein de rennes Marguerite. Mais bon, dans la mesure où ils finiront tous en pot-au-feu, est-il nécessaire de leur fournir un calendrier avec tous les prénoms ?
Michel Tournon