Vous êtes nombreux à me demander des nouvelles de notre rebouteux national, Boisvert, l'homme qui Copie/Colle plus vite que son ombre, qui affirme que toutes les maladies sont dues à la putréfaction intestinale, que le sida n'est pas dû à un virus et donc pas contagieux, qu'un jeûne de 21 jours guérit toutes les maladies, qui annonçait la fin du monde à l'automne 2009, etc.
Si l'on se connecte sur son site, on s'aperçoit que depuis plusieurs mois, il a viré sa cutie, alors qu'il est opposé à toute vaccination ! De fait, ces derniers articles reprennent les quetions de santé dans l'air du temps façon Femme actuelle. Et dans deux de ses dernièrs écrits, le neuneuropathe se prend pour Jacques Chancel en posant la question "Et Dieu dans tout ça ?".
Certes, il s'agit de philosophie de comptoir, mais elle est terriblement pernicieuse : on sait que Boisvert fait feu de tout bois, vert ou non. Depuis quelques années, on assiste à la résurgence du concordisme, avatar du créationnisme en vogue aux USA. Au même titre que la psychanalyse qui se meurt mais trouve, en faisant le grand écart, une justification de son existence dans les neurosciences, le recours à Dieu pour expliquer l'univers est de plus en plus fréquent, sous couvert de sérieux : Ockam* doit se retourner dans sa tombe !
De mon point de vue, les raisons sont multiples : quand on n'a plus d'idées, on fait du Bogdanoff avec du vieux en mélangeant croyance et science, alors que depuis des décennies, une ligne de démarcation étanche les séparait, par accord tacite des deux parties. Ensuite, il faut bien vendre du texte, sur papier ou sur la toile. Le texte de référence de notre philosophe de comptoir est un article du magazine Le Point intitulé "Questions et réponse sur l'existence de Dieu". Le zététicien Richard Montvoisin développe dans sa thèse** l'importance de la responsabilité de la presse grand public dans ce mélange des genres, en particulier en affichant des titres racoleurs.
De plus, l'époque incertaine dans laquelle nous vivons incite au retour à une forme de mysticisme façon New Age, dont découle notamment l'explosion des médecines dites naturelles avec son lot de pensées d'irrationnelles.
Mais revenons à Boisvert : il me plaît de penser que le changement de registre de ses écrits et le fait qu'il cite (parfois !) ses sources sont le fruit de mes critiques parues sur Sororimmonde, puisque vous le savez, notre obscurantiste en chef refuse de publier sur son blog les commentaires qui ne sont pas à sa gloire ; n'oublions pas que les gourous exercent leur propagande dans une tour d'ivoire qui les empêche d'ivoire la vraie vie.
Dans un prochain article, je me permettrai de commenter la philosophie de comptoir du guérisseur Boisvert. Certes, l'exercice est facile puisque nous savons qu'il est incapable d'argumenter autrement qu'en proférant des avis péremptoires : le Maître ne va tout de même pas s'abaisser à prouver ses affirmations : sceptique, passe ton chemin, il n'y a rien à voir !
Mais auparavant, je pense qu'il est salutaire de republier les textes fondateurs des idées défendues par icelui. Nous commencerons par l'article dans lequel il affirme que toutes les maladies (sauf les génétiques) sont dues à la putréfaction intestinale. Ce sera l'objet du prochain article dans notre rubrique "des nouvelles de l'obscurantisme".
Oui, je sais, les écrits de Boisvert sont comiques par eux-mêmes et avant l'existence d'Internet, ces billevesées de simplet n'auraient pas dépassé les murs du bistrot de village dans lequel elles auraient été proférées. Internet toutefois permet la diffusion et la multiplication de ce genre d'âneries qui seraient sans conséquence si elles ne se rapportaient à la santé et donc à la vie.
Abandonner une thérapie validée pour des conneries obscurantistes peut être fatal pour le lecteur désemparé. Néanmoins, l'anonymat d'Internet n'oblige en aucun cas notre rebouteux virtuel à assurer le service après-vente de ses conseils : l'irresponsabilté est un moteur puissant.
Michel Tournon
* Le rasoir d'Ockam est un principe de raisonnement qui exclut les hypothèses superflues. Voir par exemple ici.
** Pour une didactique de l'esprit critique consultable et téléchargeable ici.