Si vous êtes lecteur assidu de cette rubrique Inintelligent design, vous savez que les méfaits du design s’exercent essentiellement à l’encontre des objets de tous les jours, profitant de leur innocence et de leur incapacité à protester ou à défiler de République à Nation.
Le paisible portemanteau a donc subi les attaques des designers, ce qui me paraît normal : ces gugus sont complètement cintrés ! En se connectant sur le site Made in design on peut trouver un exemple significatif pour ne pas dire exemplaire voire édifiant de cette rencontre entre le psychopathe et un objet dont l’humilité n’a d’égale que la modestie.
On reste pantois devant une telle chose dénommée Hang on ! Si, si, je vous assure, c’est vendu comme portemanteau… Et son auteur, le designer, au lieu de se recouvrir d’une chape de honte (peut-être pour mieux rigoler ?) nous livre son nom : Jade Barnes-Richardson . Plus saisissant que l’objet lui-même, le commentaire publié par le site est un d’un comique fini, avec des vrais et gros morceaux anthologiques dedans. Qu’on en juge :
Original et ludique, ce portemanteau imaginé par le designer britannique Jade Barnes-Richardson conjugue parfaitement le détournement d'objets ! Composé de plusieurs cintres mêlés les uns aux autres, Hang on s'accroche simplement au mur. Vous pouvez y déposer vos vêtements à la volée ou y suspendre vos manteaux, sacs et foulards. Jade Barnes-Richardson a voulu avec cet objet brouiller les frontières entre ordre et désordre, en s'inspirant de la manière dont les gens jettent leurs vêtements sur le portemanteau en rentrant chez eux. Véritable oeuvre d'art contemporain, Hang on trouvera sa place dans différents environnements : entrée, salle de bains, chambre, bureau...
Un portemanteau ludique…Finie la corvée de bac à sable pour le petit, refilez-lui ce portemanteau ! Le designer a « brouillé les frontières entre ordre et désordre… » et on ne lui a pas demandé son passeport ? « Véritable œuvre d’art contemporain » : pour moi, il s’agit d’un autoportrait.
Je n’ai pas vu réellement cet objet, mais j’imagine aisément tous ses défauts : vêtement déchiré, crochets agressifs dans lesquels on s’accroche, difficulté à l’accrocher au mur puisque rien n’est prévu à cet effet, solidité de l’ensemble : ce n’est que du fil de fer un peu épais. Et quand on connaît le prix de l’engin (67 euros), on se dit que c’est le prix de quatre bonnes bouteilles de vin, ce qui vaut mieux que d’être pris pour un con en donnant la même somme pour acheter cette horreur.
Quand on voit une telle crétinerie due à nos amis les designers, on se dit que ce n’est pas par hasard que portemanteau rime avec débiles mentaux.
Ma note :
Michel Tournon