Sans la liberté de bramer, il n’est pas de rut flatteur. (Eugène Labiche)
En matière de patamédecine, la profondeur de l’obscurantisme n’est nullement altérée par la divagation des illuminés qui s’y meuvent. Sur ce site par exemple, on peut lire un gloubiboulga indigeste concocté par Boisvert, le cyber rebouteux le plus prolixe, qui mélange à un Copier/Coller issu d’un manuel d’iridologie sa « philosophie » personnelle.
D’un certain point de vue, l’ensemble est cohérent puisque à la patamédecine représentée par l’iridologie, il ajoute une sauce pataphysique que n’aurait pas désavouée le Père Ubu, cornegidouille !
De telles élucubrations méritaient d’être commentées. Les passages de l’article original sont en romain, mes commentaires en italique.
Image tirée de l'ouvrage de Bernard JENSEN - The Science and Practice of Iridology (Bernard Jensen products)
On dirait l’œil gauche de Le Pen un jour de manifestation Peace and Love un peu mouvementée !
C'est d'IRIDOLOGIE dont nous allons parler aujourd'hui.
Le sens de la vie c'est presque synonyme de force vitale.
Affirmation autoritaire typique des obscurantistes : je ne démontre rien, j’affirme. En plus la « force vitale » fait partie du charabia des neuneuropathes. C’est un concept de circonstance dont le seul but est de masquer la vacuité du propos. Ça commence très mal…
L'oeil et plus particulièrement l'iris, est formé de plusieurs cercles à partir de la pupille et en allant vers la périphérie de l'oeil. Vous avez au centre les organes de digestion et, formant une sorte de barrière, la collerette sur laquelle nous trouvons les vertèbres, le système nerveux et toutes les glandes endocrines, je dirai donc, tous les organes principaux.
Toujours des affirmations : c’est vrai puisque je le dis. Comment ? Quoi ? Vous voulez des preuves, des références, des sources… Enfin quoi, c’est évident : sur la photo ci-dessus vous ne voyez pas l’estomac, le foie, les vertèbres ?
Tellement principaux que c'est cette collerette qui a été l'objet de ma thèse d'iridologie.
Mort de rire : l’iridologie n’est pas reconnue et une thèse la concernant a autant de valeur qu’une pampers usagée un jour de diarrhée. Se prévaloir d’un tel « diplôme » relève de la charlatanerie. Un grand « houuuuuu » de désapprobation pour Boisvert qui fait rien qu’à se planter des plumes dans le fondement en se prétendant « Docteur en iridologie ». Idiologie serait plus exacte…
L'Iris est une sorte de roue de bicyclettes et à la place des rayons et partant de cette collerette nous trouvons la grande zone des organes, pour se terminer par la peau qui recouvre toute cette belle mécanique.
Si cette roue de bicyclette crève, où se trouve la valve pour la regonfler ?Tiens, au passage, ci-dessous une citation d’un des papes français de l’iridologie, trouvée sur le site charlatans.info :
"A cette lointaine époque, l'homme contemplait le ciel, observait la nature, ainsi que les différents rapports qui existent entre les êtres, les choses, les évènements. Cette observation l'a amené à constater qu'il existe une correspondance entre le corps humain divisé en douze parties et les douze signes de la zone zodiacale; c'est ainsi que les lois de la terre et du ciel s'interpénétrèrent et que l'homme de ces temps reculés regardait les yeux pour connaître l'état de la santé" (G. JAUSAS, Traité pratique d'iridologie médicale, 1983)
On appréciera les fondements astrologiques de cette patamédecine… zozodiac et zozopathes, même combat ?
La force vitale s'exprime par une force centrifuge, qui partant du centre se projette vers la périphérie.
Tu connais une autre définition de la force centrifuge, toi ?
Voyez par exemple comment les bébés qui ont une force vitale trés grande, arrivent à extirper la toxémie puissamment, en rejetant vers la peau tous ces encombrants. Vous aurez remarqué qu'ils font souvent de grosses éruptions de toutes sortes, mais aussi qu'ils s'en sortent trés vite. […],
La toxémie est une autre invention des neuneuropathes : cherchez sa définition dans un dico ou une encyclopédie, vous serez surpris. Dans le paragraphe ci-dessus, on apprend donc que les enfants peuvent avoir une grosse poussée de fièvre : le scoop ! On y apprend aussi que le mot « très » s’écrit chez les obscurantistes avec un accent aigu, comme l’appendicite…
Ici, plus rien de violent, de fort, l'organisme se défend mal et laisse s'accumuler cette toxémie qu'il n'arrive plus à rejeter. La force vitale s'épuise. Cette force centrifuge s'exprime de moins en moins et c'est pourtant elle que j'appelle le SENS DE LA VIE.
Ok, mais si je mets ma tronche dans une centrifugeuse à jus de fruit, je peux rattraper le coup et rajeunir ? Faut-il interdire aux enfants d’aller sur un manège vu que cela risque de contrarier cette force centrifuge ? Le sens de cette centrifugation est-il le même pour l’œil gauche et l’œil droit ? Sinon, cela pourrait expliquer les différents strabismes.
Tant que cette force vitale, ou cette force centrifuge, s'exprime vous êtes dans une forme ascendante, vous êtes le plus fort et vous arrivez à extirper tout ce qui entrave la bonne marche de votre organisme. Pour être en bonne santé, et pour ne pas sentir le poids des ans, c'est cette force vitale qu'il faut cultiver. […]
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Blabliblabloublabliblabloublabliblablou, etc. Et réciproquement, naturellement.
Vous aurez remarqué également qu'aprés un bon rhume ou une grippe on se sent vidé mais aussi, on se sent propre, comme de nouveau tout neuf, on respire mieux, les muscles travaillent sans fatigue, même s'ils ont perdu du tonus. En fait, un peu comme aprés un jeûne. Affaibli, mais bien dans sa peau. Vous savez que votre organisme se défend bien, votre système immunitaire est là, bien présent et témoin et acteur de votre pouvoir centrifuge intact, vous êtes encore "dans le sens de la vie".
Une question : quand on tourne de l’œil, c’est à cause de cette force centrifuge ?
Mais qu'en est-il lorsque ce pouvoir diminue, lorsque les ans se sont accumulés […]
il existe encore un peu de force vitale mais pas assez pour éliminer les toxines qui encombrent votre organisme. Elles s'accumulent à la périphérie de l'iris et petit à petit gagnent tous les organes. Nous ne sommes plus dans le sens de la vie mais bien dans le sens retour, le SENS DE LA MORT. Ce n'est plus une force centrifuge qui domine mais bien une force centripète, qui, partant de la périphérie de l'iris, gagne peu à peu tous les organes,[…], désormais c'est la force centripète qui domine, c'est le retour vers l'enfer ou le paradis, qui sait ? […]
J’espère que le passage de la force centrifuge à la force centripète se fait simultanément dans les deux yeux ! Sinon, on imagine la tronche du mec ! Moi qui pensais que la force centripète était uniquement due à un excès de cassoulet !
Ces nuages blancs que l'on observe dans l'iris des vieux signent que vous êtes dans le sens du retour c'est le "gérontoxon". (A gauche sur l'image) […]
Enfin un terme médical. Le gérontoxon existe, je l’ai rencontré ici, par exemple. Manque de bol : il s’agit d’une altération de la cornée due à l’âge et non de l’iris. Cornegidouille, je vais inventer une nouvelle patamédecine la cornélogie…
Et ils vont en s'épaississant de plus en plus. D'abord on observe quelques petits nuages blancs à la périphérie de l'iris, puis ils arrivent à former un cercle complet, et enfin ils s'épaississent de la périphérie vers le centre de l'iris jusqu'à recouvrir tout l'iris. Vous l'avez compris, c'est le soir de votre vie et la mort est au bout du chemin. C'est le sens de la mort. Les nuages se sont accumulés sur votre vie, ce n'est pas Tchernobyl mais c'est tout comme, ce sont des nuages de mort.
Ite missa est, cqfd, fermez l’échelle et tirez le ban (à moins que ce soit l’inverse).Tout le monde aura apprécié la rigueur scientifique de cette démonstration, l’argumentation irréfutable et surtout les nombreuses références qui renvoient à des études ou des articles validés par le milieu scientifique.
Si toutefois vous souhaitez un complément d’information sur ce qu’il est convenu d’appeler « iridologie », je ne saurais trop vous conseiller de vous connecter sur le site charlatans.info, ou sur Les sceptiques du Québec.
Michel Tournon