Comme promis, je propose de vous replonger dans les textes fondateurs concernant la santé et la médecine selon le rebouteux Boisvert, reprenons un de ses textes paru en mais 2008.
Le texte original est disponible sur son blog ici. J’avais déjà écrit un article à ce propos sur mon blog, mais il a dû s’effacer par inadvertance. Néanmoins, compte-tenu des pouvoirs surnaturels de Boisvert, peut-être l’a-t-il supprimé par télépathie… Allez savoir !
Je vous le Copie/Colle ci-dessous en l’assortissant de mes commentaires. Je tiens à préciser qu’il s’agit du texte original, bien qu’on puisse penser à un canular ou aux écrits d’un forcené.
Mes commentaires sont vert clair, le texte de Boisvert en noir.
La maladie est unique
Elle se présente sous différentes formes, c'est vrai, mais j'affirme que toutes les maladies quelles qu'elles soient ont eu à l'origine une putréfaction intestinale. Aussi bien les maladies infectieuses, qu'éruptives, les maladies aigues comme les maladies chroniques. Si on veut bien faire une exception, ce sera pour les maladies génétiques qui étaient là à l'origine et qui n'ont donc pas été acquises. Pour un chromosome déficient ou manquant, en l'état actuel de nos connaissances, nous sommes impuissants à soigner le patient. S'il vous manque un bras aucune médecine au monde ne vous le fera repousser.
Ce début de texte est placé sous le signe de ce qu’il est convenu d’appeler un argument d’autorité : « J’affirme patati patata » sans apporter le moindre début de commencement de preuve. Ce sont les mots d’une personne qui se croit suffisamment compétente et reconnue auprès du public auquel elle s’adresse pour se sentir exonérée de la démonstration nécessaire pour étayer ladite affirmation.
Je sais aussi qu'une affirmation aussi péremptoire ne sera pas de l'avis de tout le monde et acceptée par le milieu médical, mais je suis sûr qu'elle le sera un jour.
Là, on n’est pas loin du syndrome galiléen : Galilée était seul à proférer certaines idées, mais il avait raison. Pour l’instant, je suis seul (aucune référence ni source n’est citée) à prétendre que la putréfaction intestinale est l’origine de toutes les maladies, mais l’avenir me donnera raison. On observera avec désolation le manque persistant de preuves pour étayer l’affirmation (puisque je le dis, c’est que c’est vrai !) et surtout la cohérence avec l’argument d’autorité : une personne telle que moi ne peut se tromper. Par ailleurs, la prophétie de ce paragraphe "gouroutise" le personnage.
Nous sommes dans une certaine mesure ce que nous mangeons et nous sommes une transformation de nos aliments.
Deux remarques :
- Notre ami Boisvert s’approprie, sans le citer, une phrase attribuée à Hippocrate, reprise moult fois par les adeptes des médecines « naturelles ».
- Ce faisant, il use implicitement de l’argument que Monvoisin qualifie de cave à vin que l’on rencontre fréquemment dans la plupart des mouvements issus du New Age : la référence à une figure ou une pratique ancienne est censée combler l’absence de preuves.
Quand on le dit comme cela c'est vrai que ça parait simpliste, mais c'est un fait que beaucoup de médecins commencent à intégrer dans leur raisonnement. Car on voit fleurir sur leurs plaques des "diététicien" "diététique sportive" ou autres. Eux qui, pourtant, n'ont reçu aucune heure de formation sur le sujet pendant leurs 7 années d'étude (c'est un médecin qui me l'a dit). Donc le sujet les a intéressé et ils ont dû comprendre le rapport entre la santé et l'alimentation.
« C’est un médecin qui me l’a dit ». Trois remarques :
- Notre ami Boisvert n’aime pas trop les médecins « classiques », sauf ceux qui lui disent ce qu’il aime entendre.
- Ce qu’affirme ce médecin est forcément vrai, il ne va surtout pas se donner la peine de vérifier la validité de cette affirmation…
- Et de toutes les façons, son témoignage est fatalement subordonné au sien qu’il serait incongru de remettre en cause.
Personnellement, je ne sais si cette affirmation est fondée et je ne me donnerai pas la peine de la vérifier. Il est évident qu’une nourriture équilibrée en quantité et qualité est indispensable à une bonne santé. Et le milieu médical, voire paramédical, est prolixe en conseils par le biais de livres, magazines, émissions télévisées, etc. Et les méfaits dus à l’obésité, le cholestérol, le diabète, etc., sont bien connus du Grand Public. Enfoncer les portes ouvertes, ça occupe...
On ne pense pas tout de suite à l'alimentation en tant qu'agent causal lorsque c'est le système nerveux qui est atteint. C'est tellement différent ! tellement éloigné de l'intestin.
Et une autre affirmation gratuite, sans démonstration, sans preuve… Le principe est simple : j’affirme que Napoléon était une femme. Si vous en doutez, fournissez-moi les preuves du contraire. Dans une démarche quelque peu raisonnée, voire scientifique, c’est à celui qui prétend d’apporter la preuve de sa prétention. Mais sommes-nous dans le registre d’une démarche raisonnée ?
Je me souviens d'un copain de jeunesse qui était sportif, il "pétait" la santé, resplendissant à tous points de vue. Mais le ver était dans le fruit. Il m'a dit un jour ce qu'il mangeait, lui qui était sédentaire, même s'il était aussi sportif, et c'était ahurissant. Il se gavait littéralement. Dès le matin il n'attaquait pas avec le café et les tartines beurrées, mais avec le plat de cassoulet, la daube ou la choucroute ou la paëlla de la veille. Et le tout bien arrosé, bien entendu. C'est vrai qu'à côté je faisais petite nature. Seulement voilà, ceux qui le connaissent aujourd'hui ne le reconnaissent plus. Il est devenu à moitié fou. Et j'affirme que c'était prévisible. Oh! bien sûr ça ne s'est pas vu dans l'instant, et il est difficile de faire le rapprochement. Je suis sûr que son médecin ne lui a jamais demandé ce qu'il mangeait, il lui a simplement donné des médicaments pour le système nerveux et pour le calmer. Mais pour moi il n'y a aucun doute.
Là, on attaque le plat de résistance… En fait, il s’agit d’un témoignage que l’auteur de ce texte considère comme la démonstration de l’affirmation initiale « toutes les maladies sont dues à la putréfaction intestinale ». On remarquera le raccourci saisissant qui unit l’exposition des données et la conclusion : c’est parce que cette personne était un goinfre qu’elle est devenue à moitié folle. C'est pile poil l'illustration de l’argument post hoc ergo propter hoc que nous avons développé dans cet article .
L’événement A s’est produit avant l’événement B, donc A est la cause de B. La temporalité à la place de la causalité… Je connais une personne qui habitait dans la banlieue de Toulouse. Le 21 septembre 2001, elle a éternué bruyamment. Deux secondes après, l’usine AZF située non loin explosait. Mon ami n’a plus jamais éternué.
Notons au passage la petite phrase C’est vrai qu’à côté, je faisais petite nature qui n’apporte rien à la pseudo démonstration mais qui n’est pas anodine : elle est destinée à donner encore plus raison à Boisvert, l’argument se situant dans le registre « Il vaut mieux une petite courageuse qu’une grosse fainéante ».
On continue avec le principe de certitude : « Je suis sûr que son médecin ne lui a jamais demandé ce qu’il mangeait» et « Mais pour moi il n’y a aucun doute » Pourquoi se fatiguer à démontrer ce que j’affirme puisque je suis infaillible ?
Fin de la première partie qui me semble déjà bien roborative et quasiment carminative compte-tenu du sujet.
La suite, très prochainement.
Michel Tournon