Yen a marre.
Ça va faire une vingtaine dannées que je tapote sur un clavier plus ou moins tempéré (Minitel, Internet) et rien ne change. Pire, le politiquement correct progresse à grands pas et lon ne peut plus sortir une vanne, un calembour, une blague sans que lon vous taxe de grossier, de défenseur du mauvais goût, voire de raciste. Je dirais à ces pisse-vinaigre (vinaigre dalcool, même pas de vin) que nimporte quelle forme dhumour se fait (à des degrés divers ou celsius, cest comme en veut) au détriment dune personne, dune chose, dune idée
Je suis prêt à le démontrer.
Alors, pitié, les moralistes de tous poils, foutez-la paix à ceux qui essaient darracher un sourire à leurs congénères, qui comme lui savent que ce bas monde nest quun océan de douleurs, de larmes et de désespérance (comme le beurre) et que de toutes les façons, quoi quil en soit, personne nen sortira vivant.
Daccord, le mauvais goût existe : cest celui des autres. Ça ne vous fait même pas sourire : vous nêtes pas obligés de le manifester. Ça vous choque par la crudité des termes, par lévocation dévénements que lon dissimule habituellement, parce que lon parle de mort, de maladies, de choses honteuses, de sexe, de pipi caca, de catastrophes qui forgent lactualité ?
Mais que craignez-vous si vous en rigolez ? De terminer en enfer ?
Sil vous reste quelques neurones disponibles, tâchez de comprendre que lorsque ce genre dhumour que vous qualifiez de douteux est pratiqué, ce nest pas pour faire du mal à une personne ou une communauté en particulier. Lhumour noir nest pas destiné à se moquer des gens qui sont en deuil ou mourants : il permet aux « pratiquants » et à ceux qui en rient de voir le monde différemment selon un angle qui permet de relativiser les événements qui nous entourent. Et si leur attitude nest pas politiquement correcte selon vos critères traditionnalistes, laissez-les quand même vivre !
Traiter de raciste lauteur dune blague sur les arabes, les blondes, les belges (jen ai connu qui étaient les trois à la fois) est un non sens et finit pas enlever la véritable signification de ce mot, tant il est dévoyé. Dailleurs, sans faire de la psycho à deux balles la brouette, je suis persuadé que ceux qui voient du racisme partout ne sont pas très au net (très honnêtes, treize au Net) avec eux-mêmes vis-à-vis de ce fléau. Et si celui qui raconte ce genre de blague est un raciste avéré, croyez-vous que dinterdire lesdites blagues le ramènera dans le droit chemin ? Foutaises !
Bon, je deviens casse-pieds, jarrête. Mais bon Dieu, quest-ce que jai peur de cet ordre moral imposé par ces culs-bénis (oui oui) ! En fait, même sils saffichent comme ouvertement de gauche, ces bien pensants ont exactement lattitude des cathos qui eux, au moins, ont le courage dannoncer la couleur.
Non, tiens, un dernier exemple pour montrer la progression du politiquement correct : imaginez aujourdhui une nouvelle pièce ou film du genre « La Cage aux folles » (qui remonte à environ 25 ans). Je suis certain que ce serait interdit dans les théâtres ou les salles de ciné.
Cest ce quon appelle le progrès, chez les bien-pensants.
À méditer.
Michel Tournon