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19 janvier 2002 6 19 /01 /janvier /2002 19:22

De :  Ze Bath Leurre

Date :  Samedi 19, Janvier 2002  19:22

Objet :  là où ça gratte... 

 

ça y est je l'ai chopée, la desdite !!

 

Le problème c'est que ça m'a pris alors que je feuilletais mon Curnonski et 

quelques autres livres de recettes... eh oui l'art culinaire me gratouille 

autant que le poétique !

Et du coup, ça a donné ça :

 

LE DESDI-CUISTOT

 

Je suis le Ténébreux, boeuf, pommes rissolées,

Le Prince d'Aquitaine avec des brocolis :

Ma seule étoile est morte ; - une lotte poêlée

Porte le soleil noir, nappée d'un fin coulis.

 

Dans la nuit du Tombeau, gnocchi, morue salée,

Rends-moi le Pausilippe en sauce, à l'aïoli,

La fleur qui plaisait tant avec du Beaujolais

Et la treille ou le Pampre et du rosé sur lie.

 

Suis-je Amour ou Phoebus ? ... ou purée de marrons ?

Mon front est rouge encor des poires Belle-Hélène ;

J'ai rêvé dans la grotte en buvant du chouchen...

 

Et j'ai deux fois vainqueur repris des macarons :

Modulant tour à tour dans la tasse chauffée

Les soupirs de la Sainte et d'un pousse-café.

 

Gécur de Nervonski

 

Ze Bath Leurre

> la prochaine fois je lirai

> dans mon bain !

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19 janvier 2002 6 19 /01 /janvier /2002 04:42

2097

- - -

 

De : La Grive

Date :  Samedi 19, Janvier 2002  3:42

Objet :  Re: [CirqueZavatars] Pret-a-Desdi

 

----- Original Messages -----

From : moi

then

From: Epicurienne

 

...et re-moi !

 

Le veuf, le ténébreux et le prince aujourd'hui

Va-t-il nous abolir la tour d'Aquitaine ivre,

L'étoile morte, un luth qui chante sous le givre

L'âpre mélancolie du soleil qui a fui !

 

Un gisant d'autrefois se souvient d'Italie,

Pausilippe, mais qui du tombeau se délivre

Pour à nouveau sentir la floraison et vivre

Quand la rose et le pampre égaieront son ennui.

 

Tout son coeur chérira dans sa lente agonie,

Par la Reine apposé, ce baiser qu'il ne nie,

Et son rêve en la grotte où Sirène l'a pris.

 

Fantôme à qui le Styx double victoire assigne,

Il emprunte sa lyre à Orphée sans mépris

Qui mêle soupirs saints, cris de fée, chant du cygne.

 

---

...bon, je vous promets quelque chose de moins classique et plus drôle (si

je savais...) dès que le Desdi aura fini de me démanger ! mais aussi,

ZeBath, "fallait pas m'inviter" !

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18 janvier 2002 5 18 /01 /janvier /2002 10:30

2087

- - -

 

De : La Grive

Date :  Vendredi 18, Janvier 2002  9:30

Objet :  Pret-a-Desdi

 

Le Desdichado me démange toujours... Le revoici sous forme de prêt-à-rimer !

Les rimes sont celles du Cygne de Mallarmé.

 

A+

Claire

 

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Le Desdicygne

 

Moi, veuf, inconsolé, ténébreux aujourd'hui

Sans ma tour abolie, prince d'Aquitaine ivre,

Je pleure l'astre mort au luth taché de givre.

Mélancolie, soleil noir, mon bonheur a fui !

 

Dans la nuit du tombeau, par toi l'espoir a lui :

Rends-moi mer d'Italie, Pausilippe, et délivre

mon coeur si désolé, par la fleur qui fait vivre :

Que le pampre et la rose égayent mon ennui !

 

Lusignan ou Biron, Phébus à l'agonie,

Amour, baiser royal qu'un front rougi ne nie,

En ta grotte, sirène, à rêver tu me pris.

 

Deux fois sur l'Achéron la victoire on m'assigne,

Où la lyre d'Orphée module sans mépris

Soupirs de sainte, ou cris de fée, ou chant du Cygne.

 

Gérane de Nervarmé

 

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Les originaux

 

"Le vierge, le vivace..."

 

Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui

Va-t-il nous déchirer avec un coup d'aile ivre

Ce lac dur oublié que hante sous le givre

Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui!

 

Un cygne d'autrefois se souvient que c'est lui

Magnifique mais qui sans espoir se délivre

Pour n'avoir pas chanté la région où vivre

Quand du stérile hiver a resplendi l'ennui.

 

Tout son col secouera cette blanche agonie

Par l'espace infligée à l'oiseau qui le nie,

Mais non l'horreur du sol où le plumage est pris.

 

Fantôme qu'à ce lieu son pur éclat assigne,

Il s'immobilise au songe froid de mépris

Que vêt parmi l'exil inutile le Cygne.

 

Stéphane Mallarmé

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EL DESDICHADO

 

Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,

Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :

Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé

Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

 

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,

Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,

La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,

Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.

 

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?

Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;

J'ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène...

 

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :

Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée

Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

 

Gérard de Nerval

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