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12 août 2015 3 12 /08 /août /2015 22:18

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 12 août ( sans indication de l'année ) :

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L'ART D'ÊTRE GRAND-PERE

XII - JEANNE ENDORMIE

- III -

Jeanne dort ; elle laisse, ô pauvre ange banni,
Sa douce petite âme aller dans l'infini ;
Ainsi le passereau fuit dans la cerisaie ;
Elle regarde ailleurs que sur terre, elle essaie,
Hélas, avant de boire à nos coupes de fiel,
De renouer un peu dans l'ombre avec le ciel.
Apaisement sacré ! ses cheveux, son haleine,
Son teint, plus transparent qu'une aile de phalène,
Ses gestes indistincts, son calme, c'est exquis.
Le vieux grand-père, esclave heureux, pays conquis,
La contemple.
                         Cet être est ici-bas le moindre
Et le plus grand ; on voit sur cette bouche poindre
Un rire vague et pur qui vient on ne sait d'où ;
Comme elle est belle ! Elle a des plis de graisse au cou ;
On la respire ainsi qu'un parfum d'asphodèle ;
Une poupée aux yeux étonnés est près d'elle,
Et l'enfant par moments la presse sur son coeur.
Figurez-vous cet ange obscur, tremblant, vainqueur,
L'espérance étoilée autour de ce visage,
Ce pied nu, ce sommeil d'une grâce en bas âge.
Oh ! quel profond sourire, et compris de lui seul,
Elle rapportera de l'ombre à son aïeul !
Car l'âme de l'enfant, pas encore dédorée,
Semble être une lueur du lointain empyrée,
Et l'attendrissement des vieillards, c'est de voir
Que le matin veut bien se mêler à leur soir.

Ne la réveillez pas. Cela dort, une rose.
Jeanne au fond du sommeil médite, et se compose
Je ne sais quoi de plus céleste que le ciel.
De lys en lys, de rêve en rêve, on fait son miel,
Et l'âme de l'enfant travaille, humble et vermeille,
Dans les songes ainsi que dans les fleurs l'abeille.

12 août

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11 août 2015 2 11 /08 /août /2015 22:09

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 11 août :

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LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS

LIVRE PREMIER - JEUNESSE

IV - POUR D'AUTRES

- IX -

Fuis l'éden des anges déchus ;
Ami, prends garde aux belles filles ;
Redoute à Paris les fichus,
Redoute à Madrid les mantilles.

Tremble pour tes ailes, oiseau,
Et pour tes fils, marionnette,
Crains un peu l'oeil de Calypso,
Et crains beaucoup l'oeil de Jeannette.

Quand leur tendresse a commencé,
Notre servitude est prochaine.
Veux-tu savoir leur A B C ?
Ami, c'est Amour, Baiser, Chaîne.

Le soleil dore une prison,
Un rosier parfume une geôle,
Et c'est là, vois-tu, la façon
Dont une fille nous enjôle.

Pris, on a sa pensée au vent
Et dans l'âme une sombre lyre,
Et bien souvent on pleure avant
Qu'on ait eu le temps de sourire.

Viens dans les prés, le gai printemps
Fait frissonner les vastes chênes,
L'herbe rit, les bois sont contents,
Chantons ! oh ! les claires fontaines !

11 août 1859

- - -
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10 août 2015 1 10 /08 /août /2015 21:13

Voici la deuxième partie d'un poème que Victor Hugo a écrit les 9 et 10 août 
1859 :

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LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS

LIVRE PREMIER - JEUNESSE

VI - L'ETERNEL PETIT ROMAN

IV - A DONA ROSITA ROSA

- I - 

( la première partie a été publiée hier )

- II -

Prends-le donc à ton service.
C'est un pauvre rêve fou ;
Mais pauvreté n'est pas vice.
Nul coeur ne ferme au verrou ;

Ton coeur, pas plus que mon âme,
N'est clos et barricadé.
Ouvrez donc, ouvrez, madame,
A mon doux songe évadé.

Les heures pour moi sont lentes,
Car je souffre éperdument ;
Il vient sur ton front charmant
Poser ses ailes tremblantes.

T'obéir sera mon voeu ;
Il dorlotera ton âme ;
Il fera chez toi du feu,
Et, s'il le peut, de la flamme.

Il fera ce qui te plaît ;
Prompt à voir tes désirs naître ;
Belle, il sera ton valet,
Jusqu'à ce qu'il soit ton maître.

10 août 1859

- - -
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30 avril 2006 7 30 /04 /avril /2006 07:10

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 30 avril :

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LES ORIENTALES

XXIII - LA VILLE PRISE


La flamme par ton ordre, ô Roi, luit et dévore.
De ton peuple en grondant elle étouffe les cris,
Et, rougissant les toits comme une sombre aurore,
Semble en son vol joyeux danser sur leurs débris.

Le meurtre aux mille bras comme un géant se lève ;
Les palais embrasés se changent en tombeaux ;
Pères, femmes, époux, tout tombe sous le glaive ;
Autour de la cité s'appellent les corbeaux.

Les mères ont frémi ; les vierges palpitantes,
Ô calife ! ont pleuré leurs jeunes ans flétris,
Et les coursiers fougueux ont traîné hors des tentes
Leurs corps vivants, de coups et de baisers meurtris.

Vois d'un vaste linceul la ville enveloppée ;
Vois ! quand ton bras puissant passe, il fait tout plier.
Les prêtres qui priaient ont péri par l'épée,
Jetant leur livre saint comme un vain bouclier.

Les tout petits enfants, écrasés sous les dalles,
Ont vécu ; de leur sang le fer s'abreuve encor... --
Ton peuple baise, ô Roi, la poudre des sandales
Qu'à ton pied glorieux attache un cercle d'or !


Victor Hugo - Le 30 avril 1825, Blois.

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29 avril 2006 6 29 /04 /avril /2006 07:08

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 29 avril :

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LA LEGENDE DES SIECLES

LV - LES GRANDES LOIS

- VI -


Le géant Soleil parle à la reine étincelle :

" Ô néant, feu follet, ver que l'ombre recèle,
Lueur qui disparais sitôt qu'elle a flotté,
Contemple-moi ! je suis l'abîme de clarté.
Vois, dans mon flamboiement les mondes vont et viennent ;
Mes rayons sont les fils effrayants qui les tiennent ;
Sans moi le firmament ne serait qu'un linceul ;
Je ne suis pas bien sûr de ne pas être seul ;
Toute l'immensité, depuis l'aube première,
Me regarde effarée, ivre de ma lumière. "

Ainsi parla le gouffre éblouissant du feu.
L'atome écouta l'astre, et lui répondit : Dieu
.

Victor Hugo - 29 avril 1855

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28 avril 2006 5 28 /04 /avril /2006 20:47

Voici un quatrain que Victor Hugo a écrit un 28 avril :

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OCEAN

VERS

1820 - 1851


Un rossignol faisait visite à des chouettes
Si souvent qu''à la fin, notez ceci, poëtes,
Les chouettes disaient : " le vilain animal !
" Comme il est ennuyeux et comme il chante mal ! "


Victor Hugo - 28 avril 1847

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27 avril 2006 4 27 /04 /avril /2006 16:36

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 27 avril :

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L'ART D'ÊTRE GRAND-PERE

X - ENFANTS, OISEAUX ET FLEURS

VI - LA MISE EN LIBERTE

Après ce rude hiver, un seul oiseau restait
Dans la cage, où jadis tout un monde chantait.
Le vide s'était fait dans la grande volière.
Une douce mésange, autrefois familière,
Etait là seule avec ses Souvenirs d'oiseau.
N'être jamais sans grain, sans biscuit et sans eau,
Voir entrer quelquefois dans sa cage une mouche,
C'était tout son bonheur. Elle en était farouche.
Rien, pas même un serin, et pas même un pierrot.
La cage, c'est beaucoup ; mais le désert, c'est trop.
Triste oiseau ! dormir seul, et, quand l'aube s'allume,
Être seul à fouiller de son bec sous la plume !
Le pauvre petit être était redevenu
Sauvage, à faire ainsi tourner ce perchoir nu.
Il semblait par moments s'être donner la tâche
De grimper d'un bâton à l'autre sans relâche ;
Son vol paraissait fou ; puis soudain le reclus
Se taisait, et, caché, morne, ne bougeait plus.
A voir son gonflement lugubre, sa prunelle,
Et sa tête ployée en plein jour sous son aile,
On devinait son deuil, son veuvage, et l'ennui
Du joyeux chant de tous dans l'ombre évanoui.
Ce matin j'ai poussé la porte de la cage.
J'y suis entré.
....................... Deux mâts, une grotte, un bocage,
Meublent cette prison où frissonne un jet d'eau ;
Et l'hiver on la couvre avec un grand rideau.

Le pauvre oiseau, voyant entrer ce géant sombre,
A pris la fuite en haut, puis en bas, chErchant l'ombre,
Dans une anxiété d'inexprimable horreur ;
L'effroi du faible est plein d'impuissante fureur ;
Il voletait devant ma main épouvantable.
Je suis, pour le saisir, monté sur une table.
Alors, terrifié, vaincu, jetant des cris,
Il est allé tomber dans un coin ; je l'ai pris.
Contre le monstre immense, hélas, que peut l'atome ?
A quoi bon résister quand l'énorme fantôme
Vous tient captif, hagard, fragile et désarmé ?
Il était dans mes doigts inerte, l'oeil fermé,
Le bec ouvert, laissant pendre son cou débile,
L'aile morte, muet, sans regard, immobile,
Et je sentais bondir son petit coeur tremblant.

Avril est de l'aurore un frère ressemblant ;
Il est éblouissant ainsi qu'elle est vermeille.
Il a l'air de quelqu'un qui rit et qui s'éveille.
Or, nous sommes au mois d'avril, et mon gazon,
Mon jardin, les jardins d'à côté, l'horizon,
Tout, du ciel à la terre, est plein de cette joie
Qui dans la fleur embaume et dans l'astre flamboie ;
Les ajoncs sont en fête, et dorent les ravins
Où les abeilles font des murmures divins ;
Penché sur les cressons, le myosotis goûte
A la source, tombant dans les fleurs goutte à goutte ;
Le brin d'herbe est heureux ; l'âcre hiver se dissout ;
La nature paraît contente d'avoir tout,
Parfums, chansons, rayons, et d'être hospitalière.
L'espace aime.
........................ Je suis sorti de la volière,
Tenant toujours l'oiseau ; je me suis approché
Du vieux balcon de bois par le lierre caché ;
Ô renouveau ! soleil ! tout palpite, tout vibre,
Tout rayonne ; et j'ai dit, ouvrant la main : Sois libre !

L'oiseau s'est évadé dans les rameaux flottants,
Et dans l'immensité splendide du printemps ;
Et j'ai vu s'en aller au loin la petite âme
Dans cette clarté rose où se mêle une flamme,
Dans l'air profond, parmi les arbres infinis,
Volant au vague appel des amours et des nids,
Planant éperdument vers d'autres ailes blanches,
Ne sachant quel palais choisir, courant aux branches,
Aux fleurs, aux flots, aux bois fraîchement reverdis,
Avec l'effarement d'entrer au paradis.

Alors, dans la lumière et dans la transparence,
Regardant cette fuite et cette délivrance,
Et ce pauvre être, ainsi disparu dans le port,
Pensif, je me suis dit : Je viens d'être la mort.


Victor Hugo - 27 avril 1864

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26 avril 2006 3 26 /04 /avril /2006 16:23

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 26 avril :

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LES RAYONS ET LES OMBRES

XXI - A UN POËTE

Ami, cache ta vie et répands ton esprit.

Un tertre, où le gazon diversement fleurit ;
Des ravins où l'on voit grimper les chèvres blanches ;
Un vallon, abrité sur un réseau de branches
Pleines de nids d'oiseaux, de murmures, de voix,
Qu'un vent joyeux remue, et d'où tombe parfois,
Comme un sequin jeté par une main distraite,
Un rayon de soleil dans ton âme secrète ;
Quelques rocs, par Dieu même arrangés savamment
Pour faire des échos au fond du bois dormant ;
Voilà ce qu'il te faut pour séjour, pour demeure !
C'est là, -- que ta maison chante, aime, rie ou pleure, --
Qu'il faut vivre, enfouir ton toit, borner tes jours,
Envoyant un soupir à peine aux antres sourds,
Mirant dans ta pensée intérieure et sombre
La vie obscure et douce et les heures sans nombre,
Bon d'ailleurs, et tournant, sans trouble ni remords,
Ton coeur vers les enfants, ton âme vers les morts !
Et puis, en même temps, au hasard, par le monde,
Suivant sa fantaisie auguste et vagabonde,
Loin de toi, par delà ton horizon vermeil,
Laisse ta poésie aller en plein soleil !
Dans les rauques cités, dans les champs taciturnes,
Effleurée en passant des lèvres et des urnes,
Laisse-la s'épancher, cristal jamais terni,
Et fuir, roulant toujours vers Dieu, gouffre infini,
Calme et pure, à travers les âmes fécondées,
Un immense courant de rêves et d'idées,
Qui recueille en passant, dans son flot solennel,
Toute eau qui sort de terre ou qui descend du ciel !
Toi, sois heureux dans l'ombre. En ta vie ignorée,
Dans ta tranquillité vénérable et sacrée,
Reste réfugié, penseur mystérieux !
Et que le voyageur, malade et sérieux,
Puisse, si le hasard l'amène en ta retraite,
Puiser en toi la paix, l'espérance secrète,
L'oubli de la fatigue et l'oubli du danger,
Et boire à ton esprit limpide, sans songer
Que, là-bas, tout un peuple aux mêmes eaux s'abreuve.

Sois petit comme source et sois grand comme fleuve.


Victor Hugo - 26 avril 1839

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25 avril 2006 2 25 /04 /avril /2006 20:39

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 25 avril :

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TOUTE LA LYRE

LES SEPT CORDES

VII - LA FANTAISIE

XXIII - CHANSONS

- XXIII -


Le joli page imberbe
Soupire, elle s'émeut.
-- Sous un arbre, s'il pleut,
Et s'il fait beau, dans l'herbe.

De sa jupe superbe
Elle défit le noeud.
-- Sous un arbre, s'il pleut,
Et s'il fait beau, dans l'herbe.

Le bleuet vaut la gerbe ;
Plaire ! un page le peut.
-- Sous un arbre, s'il pleut,
Et s'il fait beau, dans l'herbe.

Conjuguons le doux verbe ;
Aimons-nous ! Dieu le veut.
-- Sous un arbre, s'il pleut,
Et s'il fait beau, dans l'herbe.


Victor Hugo - 25 avril 1873.

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24 avril 2006 1 24 /04 /avril /2006 17:57

Voici un poème que Victor Hugo a écrit 24 avril (sans mention de l'année) :

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LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS

RELIQUAT

LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS


Certe, ô solitude,
Je suis l'homme rude,
Le songeur viril ;
Mais puis-je répondre
De ce que fait fondre
Un rayon d'avril ?

L'âme, ô lois obscures,
A des aventures ;
Je vis absorbé,
Pensée irritée,
Comme Prométhée,
Comme Niobé ;

L'aspect de l'abîme,
La haine du crime,
L'horreur, le dédain,
Mettent dans ma bouche
Un souffle farouche ;
Mais parfois, soudain,

Une strophe passe,
Emplissant l'espace
D'ébats ingénus,
Et m'arrive, ailée,
Fraîche dételée
Du char de Vénus.


Victor Hugo - 24 avril

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