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2 avril 2006 7 02 /04 /avril /2006 23:00

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 3 avril ( sans mention de l'année ):

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TOUTE LA LYRE

LES SEPT CORDES - VI

- LVIII -


Nous étions, elle et moi, dans cet avril charmant
De l'amour qui commence en éblouissement.
Ô souvenirs ! ô temps ! heures évanouies !
Nous allions, le coeur plein d'extases inouïes,
Ensemble dans les bois, et la main dans la main.
Pour prendre le sentier nous quittions le chemin,
Nous quittions le sentier pour marcher dans les herbes.
Le ciel resplendissait dans ses regards superbes ;
Elle disait : Je t'aime ! et je me sentais dieu.
Parfois, près d'une source, on s'asseyait un peu.
Que de fois j'ai montré sa gorge aux branches d'arbre !
Rougissante et pareille aux naïades de marbre,
Tu baignais tes pieds nus et blancs comme le lait.
Puis nous nous en allions rêveurs. Il me semblait,
En regardant autour de nous les pâquerettes,
Les boutons d'or joyeux, les pervenches secrètes,
Et les frais liserons d'une eau pure arrosés,
Que ces petites fleurs étaient tous les baisers
Tombés dans le trajet de ma bouche à ta bouche
Pendant que nous marchions ; et la grotte farouche,
Et la ronce sauvage et le roc chauve et noir,
Envieux, murmuraient : Que va dire ce soir
Diane aux chastes yeux, la déesse étoilée,
En voyant toute l'herbe au fond du bois foulée ?


Victor Hugo - 3 avril. Jersey

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1 avril 2006 6 01 /04 /avril /2006 23:00

Voici deux minuscules poèmes (il s'agit de quatrains) que Victor Hugo écrivit un 2 avril ; le second quatrain présenté ici est encadré de commentaires de l'auteur lui-même [que j'ajoute entre crochets carrés] :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

( premier quatrain )

LES ANNEES FUNESTES

- LXI -


On me dit: Courez donc sur Pierre Bonaparte.
Non. J'ai ma piste ; et c'est -- l'Autre -- et je ne m'écarte
Jamais du but que rien ne me fait oublier.
Forêts ! je chasse au tigre et non au sanglier.


Victor Hugo - 2 avril 1870

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( deuxième quatrain )

OCEAN

VERS FAITS EN DORMANT


[ Cette nuit, je me suis réveillé ayant dans l'oreille ces vers qui venaient
de m'être dits dans les ténèbres : ]


Que d'hommes dans un homme unique !
Ô géant, que d'êtres en toi !
D'un seul morceau de ta tunique
On ferait vingt manteaux de roi.

[ Il était environ trois heures du matin. ]


Victor Hugo - 2 avril 1866

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1 avril 2006 6 01 /04 /avril /2006 19:44

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 1er avril :

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LES VOIX INTERIEURES

XVI - PASSE


C'était un grand château du temps de Louis treize.
Le couchant rougissait ce palais oublié.
Chaque fenêtre au loin, transformée en fournaise,
Avait perdu sa forme et n'était plus que braise.
Le toit disparaissait dans les rayons noyé.

Sous nos yeux s'étendait, gloire antique abattue,
Un de ces parcs dont l'herbe inonde le chemin,
Où dans un coin, de lierre à demi revêtue,
Sur un piédestal gris, l'hiver, morne statue,
Se chauffe avec un feu de marbre sous la main.

Ô deuil ! le grand bassin dormait, lac solitaire.
Un Neptune verdâtre y moisissait dans l'eau.
Les roseaux cachaient l'onde et l'eau rongeait la terre.
Et les arbres mêlaient leur vieux branchage austère,
D'où tombaient autrefois des rimes pour Boileau.

On voyait par moments errer dans la futaie
De beaux cerfs qui semblaient regretter les chasseurs ;
Et, pauvres marbres blancs qu'un vieux tronc d'arbre étaie,
Seules, sous la charmille, hélas ! changée en haie,
Soupirer Gabrielle et Vénus, ces deux soeurs !

Les manteaux, relevés par la longue rapière,
Hélas ! ne passaient plus dans ce jardin sans voix.
Les tritons avaient l'air de fermer la paupière,
Et, dans l'ombre, entr'ouvrant ses mâchoires de pierre,
Un vieux antre ennuyé bâillait au fond du bois.

Et je vous dis alors : -- Ce château dans son ombre
A contenu l'amour, frais comme en votre coeur,
Et la gloire, et le rire, et les fêtes sans nombre,
Et toute cette joie aujourd'hui le rend sombre,
Comme un vase noircit rouillé par sa liqueur.

Dans cet antre, où la mousse a recouvert la dalle,
Venait, les yeux baissés et le sein palpitant,
Ou la belle Caussade ou la jeune Candale,
Qui, d'un royal amant conquête féodale,
En entrant disait Sire, et Louis en sortant.

Alors comme aujourd'hui, pour Candale et Caussade,
La nuée au ciel bleu mêlait son blond duvet,
Un doux rayon dorait le toit grave et maussade,
Les vitres flamboyaient sur toute la façade,
Le soleil souriait, la nature rêvait !

Alors comme aujourd'hui, deux coeurs unis, deux âmes
Erraient sous ce feuillage où tant d'amour a lui.
Il nommait sa duchesse un ange entre les femmes,
Et l'oeil plein de rayons et l'oeil rempli de flammes
S'éblouissaient l'un l'autre, alors comme aujourd'hui !

Au loin dans le bois vague on entendait des rires.
C'étaient d'autres amants, dans leur bonheur plongés.
Par moments un silence arrêtait leurs délires.
Tendre, il lui demandait : D'où vient que tu soupires ?
Douce, elle répondait : D'où vient que vous songez ?

Tous deux, l'ange et le roi, les mains entrelacées,
Ils marchaient, fiers, joyeux, foulant le vert gazon,
Ils mêlaient leurs regards, leur souffle, leurs pensées...
Ô temps évanouis ! ô splendeurs éclipsées !
Ô soleils descendus derrière l'horizon !


Victor Hugo - 1er avril 1835

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31 mars 2006 5 31 /03 /mars /2006 07:12

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 31 mars :

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TOUTE LA LYRE

LES SEPT CORDES - V

- XLVI -


L'enfant est très petit et l'aïeul est très vieux.
L'insulteur ne craint rien. Comme un ciel pluvieux
Verse l'ondée aux bois que l'orage secoue,
Cette main de vieillard a sur plus d'une joue
Autrefois élargi les sonores soufflets.
Mais à présent les longs exils, le ciel anglais,
Et soixante-treize ans ont refroidi cet homme ;
Calme, il dédaigne. A peine il sait comment se nomme
L'insulteur, pour avoir, lorsque juillet brilla
Jadis aidé quelqu'un qui portait ce nom-là.
Rien de plus. Et qu'importe un jeune drôle immonde ?
Qu'est-ce que cela fait qu'un laquais soit au monde ?
Qu'est-ce qu'un jappement de plus dans le chenil ?
Qu'importe au sphinx rêveur dans les roseaux du Nil
Le glissement sinistre et vague d'un reptile ?
Les gueux peuvent sans peur faire aboyer leur style.
Voir passer un vieillard que le deuil accabla,
La bravoure du lâche est faite de cela.
Nul danger. Le gredin est à son aise infâme ;
Il se répète, afin d'encourager son âme
Où beaucoup de prudence à l'audace aboutit,
Que l'aïeul est bien vieux et l'enfant bien petit.


Victor Hugo - 31 mars 1875

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30 mars 2006 4 30 /03 /mars /2006 07:18

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 30 mars (sans mention de l'année) :

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LES CHÂTIMENTS

LIVRE PREMIER - LA SOCIETE EST SAUVEE

- I -


France ! à l'heure où tu te prosternes,
Le pied d'un tyran sur ton front,
La voix sortira des cavernes ;
Les enchaînés tressailleront.

Le banni, debout sur la grève,
Contemplant l'étoile et le flot,
Comme ceux qu'on entend en rêve,
Parlera dans l'ombre tout haut ;

Et ses paroles qui menacent,
Ses paroles dont l'éclair luit,
Seront comme des mains qui passent
Tenant des glaives dans la nuit.

Elles feront frémir les marbres
Et les monts que brunit le soir,
Et les chevelures des arbres
Frissonneront sous le ciel noir ;

Elles seront l'airain qui sonne,
Le cri qui chasse les corbeaux,
Le souffle inconnu dont frissonne
Le brin d'herbe sur les tombeaux ;

Elles crieront : Honte aux infâmes,
Aux oppresseurs, aux meurtriers !
Elles appelleront les âmes
Comme on appelle des guerriers !

Sur les races qui se transforment,
Sombre orage, elles planeront ;
Et si ceux qui vivent s'endorment,
Ceux qui sont morts s'éveilleront.


Victor Hugo - 30 mars. Jersey

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29 mars 2006 3 29 /03 /mars /2006 22:52

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 29 mars :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+

TOUTE LA LYRE

LES SEPT CORDES - IV

- XXVIII -


La nature, éternelle mère,
Vous versa ses chastes faveurs,
Vieil Hésiode, vieil Homère,
Ô poëtes, géants rêveurs !

Chantres des socs et des épées,
A travers les temps, noir brouillard,
Vous montrez dans vos épopées
L'homme enfant à l'homme vieillard.

On voit en vous, comme une aurore,
Briller ce beau passé doré
Que la Grèce contemple encore
Avec un sourire effaré.

Comme l'ourse et les dioscures
Percent les branchages touffus,
On voit dans vos lueurs obscures
Remuer un monde confus.

On voit, moins divins que vous-mêmes,
Resplendir, calmes et tonnants,
Dans la nuit de vos vieux poëmes
Les olympiens rayonnants !

Votre cime touche les nues :
Dans votre ombre où luit l'orient
Les héros, les déesses nues
Vont et viennent en souriant.

Les dieux, qui pour nous sont des marbres,
Vivent dans vos livres jumeaux.
Comme des oiseaux dans les arbres,
Ils volent dans vos grands rameaux !


Victor Hugo - 29 mars 1847

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28 mars 2006 2 28 /03 /mars /2006 18:11

N'ayant pas trouvé de poème de Victor Hugo écrit un 28 mars, je vous propose
celui-ci écrit en mars 1870 (sans précision du jour) :

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LES ANNEES FUNESTES

LX - A ***


Ou vous êtes naïf ou vous êtes subtil.
Une réforme ! où donc ? Un progrès ! quel est-il ?
Vous dites qu'un grand pas est fait. Quel pas ? Je cherche.
A Mandrin pataugeant Jocrisse tend la perche.
Le coup d'état devient ondoyant et divers.
Nous en vîmes l'endroit, nous en voyons l'envers.
Je ris sans admirer. Quel spectacle ! Sodome
Brusquement transformée en Paraclet ; Prudhomme
Trouvant trop rouge encor le bonnet de coton
D'Arlequin qui jadis se grimait en Caton ;
Tom Pouce dans un coin qui se croit cent coudées ;
La trahison criant : Messieurs, j'ai des idées !
L'ogre au bon peuple enfant disant : Baisez papa !
Tous les sous-entendus d'un faux mea culpa ;
L'empire devenu, sorte d'oison sans ailes,
Presque un pensionnat de jeunes demoiselles ;
Tibère concourant pour le prix Monthyon ;
Goton rose devant la moindre question ;
Rouher baissant les yeux, Maupas mettant un voile ;
Et toujours l'araignée au centre de sa toile !
Toujours le piège ! Une ombre où grondent les fléaux !
Aujourd'hui le néant et demain le chaos !
Un nain creusant un gouffre !
...............................Ô Dieu Partout visible,
Sauve-moi du petit, fût-ce dans le terrible !
Jette-moi, Dieu puissant, chez quelque nation
Entrant, superbe et sombre, en révolution,
Ou sur quelque océan que la tempête éclaire !
Que j'entende, épelant ce que dit ta colère
Dans un langage obscur, mystérieux et beau,
Ou la foudre parler, ou tonner Mirabeau !


Victor Hugo - Mars 1870

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26 mars 2006 7 26 /03 /mars /2006 23:43

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 27 mars :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

LES RAYONS ET LES OMBRES

- XV -


Mères, l'enfant qui joue à votre seuil joyeux,
Plus frêle que les fleurs, plus serein que les cieux,
Vous conseille l'amour, la pudeur, la sagesse.
L'enfant, c'est un feu pur dont la chaleur caresse,
C'est de la gaîté sainte et du bonheur sacré,
C'est le nom paternel dans un rayon doré,
Et vous n'avez besoin que de cette humble flamme
Pour voir distinctement dans l'ombre de votre âme.
Mères, l'enfant qu'on pleure et qui s'en est allé,
Si vous levez vos fronts vers le ciel constellé,
Verse à votre douleur une lumière auguste ;
Car l'innocent éclaire aussi bien que le juste !
Il montre , clarté douce, à vos yeux abattus,
Derrière notre orgueil, derrière nos vertus,
Derrière la nuit noire où l'âme en deuil s'exile,
Derrière nos malheurs, Dieu profond et tranquille,
Que l'enfant vive ou dorme, il rayonne toujours !
Sur cette terre où rien ne va loin sans secours,
Où nos jours incertains sur tant d'abîmes pendent,
Comme un guide au milieu des brumes que répandent
Nos vices ténébreux et nos doutes moqueurs,
Vivant, l'enfant fait voir le devoir à vos coeurs ;
Mort, c'est la vérité qu'à votre âme il dévoile.
Ici, c'est un flambeau ; là-haut, c'est une étoile.


Victor Hugo - 27 mars 1840

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26 mars 2006 7 26 /03 /mars /2006 00:31

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 26 mars :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

LES RAYONS ET LES OMBRES

- V -


On croyait dans ces temps où le pâtre nocturne,
Loin dans l'air, au-dessus de son front taciturne,
Voyait parfois, témoin par l'ombre recouvert,
Dans un noir tourbillon de tonnerre de de pluie,
Passer rapidement la figure éblouie
D'un prophète emporté par l'esprit au désert !

On croyait dans les jours du barde et du trouvère !
Quand tout un monde armé se ruait au calvaire,
Pour délivrer la croix,
Et pour voir le lac sombre où Jésus sauva Pierre,
L'Horeb et le Cédron, et les portes de pierre
Du sépulcre des rois !

On croyait dans ce siècle où tout était prière ;
Où Louis, au moment de ravir La Vallière,
S'arrêtait éperdu devant un crucifix ;
Où l'autel rayonnait près du trône prospère ;
Où, quand le roi disait : Dieu seul est grand, mon père ?
L'évèque répondait : Dieu seul est grand, mon fils !

Les pâtres maintenant dorment dans les ravines ;
Jérusalem est turque ; et les moissons divines
N'ont plus de moissonneur ;
La royauté décline et le peuple se lève...
-- Hélas ! l'homme aujourd'hui ne croit plus, mais il rêve. --
Lequel vaut mieux, Seigneur ?


Victor Hugo - 26 mars 1839

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25 mars 2006 6 25 /03 /mars /2006 07:51

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 25 mars ( il avait alors 15 ans !) :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+

OCEAN

VERS DE JEUNESSE

SUR UN ATHEE


Que dit ce philosophe blème,
Au crins dressés, à l'oeil en feu,
Qui, nous déroulant maint problème,
Contre le Tout-Puissant veut lancer l'anathème,
Et crie avec orgueil : << Ecoutez-moi, morbleu !
>> Messieurs, l'on ne doit croire (et je le prouve même)
>> Qu'en la matière, et non en Dieu ! >> ...
Philosophe insensé ! Ton stupide blasphème
Peut-il ébranler notre foi ?
En nous montrant ton absurde système,
Penses-tu nous réduire à ne croire qu'en toi ?


Victor Hugo - 25 mars 1817

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