Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 mars 2006 2 14 /03 /mars /2006 20:59

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 14 MARS :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

LES RAYONS ET LES OMBRES

XXII - GUITARE


Gastibelza, l'homme à la carabine,
Chantait ainsi :
<< Quelqu'un a-t-il connu dona Sabine ?
Quelqu'un d'ici ?
Dansez, chantez, villageois ! la nuit gagne
Le mont Falù.
- Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou !

>> Quelqu'un de vous a-t-il connu Sabine,
Ma senora ?
Sa mère était la vieille maugrabine
D'Antequera
Qui chaque nuit criait dans la Tour-Magne
Comme un hibou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou !

>> Dansez, chantez ! Des biens que l'heure envoie
Il faut user.
Elle était jeune et son oeil plein de joie
Faisait penser, -
A ce vieillard qu'un enfant accompagne
Jetez un sou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

>> Vraiment, la reine eût près d'elle été laide
Quand, vers le soir,
Elle passait sur le pont de Tolède
En corset noir.
Un chapelet du temps de Charlemagne
Ornait son cou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

>> Le roi disait en la voyant si belle
A son neveu :
- Pour un baiser, pour un sourire d'elle,
Pour un cheveu,
Infant don Ruy, je donnerais l'Espagne
Et le Pérou ! -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

>> Je ne sais pas si j'aimais cette dame,
Mais je sais bien
Que pour avoir un regard de son âme,
Moi, pauvre chien,
J'aurais gaîment passé dix ans au bagne
Sous le verrou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

>> Un jour d'été que tout était lumière,
Vie et douceur,
Elle s'en vint jouer dans la rivière
Avec sa soeur,
Je vis le pied de sa jeune compagne
Et son genou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

>> Quand je voyais cette enfant, moi le pâtre
De ce canton,
Je croyais voir la belle Cléopâtre,
Qui, nous dit-on,
Menait César, empereur d'Allemagne,
Par le licou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

>> Dansez, chantez, villageois, la nuit tombe !
Sabine, un jour,
A tout vendu, sa beauté de colombe,
Et son amour,
Pour l'anneau d'or du comte de Saldagne,
Pour un bijou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

>> Sur ce vieux banc souffrez que je m'appuie,
Car je suis las.
Avec ce comte elle s'est donc enfuie !
Enfuie, hélas !
Par le chemin qui va vers la Cerdagne,
Je ne sais où... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

>> Je la voyais passer par ma demeure,
Et c'était tout.
Mais à présent je m'ennuie à toute heure,
Plein de dégoût,
Rêveur oisif, l'âme dans la campagne,
La dague au clou... -
Le vent qui vient à travers la montagne
M'a rendu fou ! >>


Victor Hugo - 14 mars 1837

Partager cet article
Repost0
13 mars 2006 1 13 /03 /mars /2006 12:43

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 13 mars :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

LES RAYONS ET LES OMBRES

XIV - DANS LE CIMETIERE DE ***


La foule des vivants rit et suit sa folie,
Tantôt pour son plaisir, tantôt pour son tourment,
Mais par les morts muets, par les morts qu'on oublie,
Moi, rêveur, je me sens regardé fixement.

Ils savent que je suis l'homme des solitudes,
Le promeneur pensif sous les arbres épais,
L'esprit qui trouve, ayant ses douleurs pour études,
Au seuil de tout le trouble, au fond de tout la paix !

Ils savent l'attitude attentive et penchée
Que j'ai parmi les buis, les fosses et les croix ;
Ils m'entendent marcher sur la feuille séchée ;
Ils m'ont vu contempler des ombres dans les bois.

Ils comprennent ma voix, sur le monde épanchée,
Mieux que vous, ô vivants, bruyants et querelleurs !
Les hymnes de la lyre en mon âme cachée,
Pour vous ce sont des chants, pour eux ce sont des pleurs.

Oubliés des vivants, la nature leur reste.
Dans le jardin des morts, où nous dormirons tous,
L'aube jette un regard plus calme et plus céleste,
Le lys semble plus pur, l'oiseau semble plus doux.

Moi, c'est là que je vis ! - Cueillant les roses blanches,
Consolant les tombeaux délaissés trop longtemps,
Je passe et je reviens, je dérange les branches,
Je fais du bruit dans l'herbe, et les morts sont contents.

Là je rêve ! et, rôdant dans le champ léthargique,
Je vois, avec des yeux dans ma pensée ouverts,
Se transformer mon âme en un monde magique,
Miroir mystérieux du visible univers.

Regardant sans les voir de vagues scarabées,
Des rameaux indistincts, des formes, des couleurs,
Là, j'ai dans l'ombre, assis sur des pierres tombées,
Des éblouissements de rayons et de fleurs.

Là, le songe idéal qui remplit ma paupière
Flotte, lumineux voile, entre la terre et nous ;
Là, mes doutes ingrats se fondent en prière ;
Je commence debout et j'achève à genoux.

Comme au creux du rocher vole l'humble colombe,
Cherchant la goutte d'eau qui tombe avant le jour,
Mon esprit altéré, dans l'ombre de la tombe,
Va boire un peu de foi, d'espérance et d'amour !


Victor Hugo - 13 mars 1840

Partager cet article
Repost0
12 mars 2006 7 12 /03 /mars /2006 08:54

Voici un (long) poème que Victor Hugo a écrit un 12 mars :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

LES RAYONS ET LES OMBRES

XII - A LAURE, DUCHESSE D'A.


Puisqu'ils n'ont pas compris, dans leur étroite sphère,
Qu'après tant de splendeur, de puissance et d'orgueil,
Il était grand et beau que la France dût faire
L'aumône d'une fosse à ton noble cercueil ;

Puisqu'ils n'ont pas senti que celle qui sans crainte
Toujours loua la gloire et flétrit les bourreaux
A le droit de dormir sur la colline sainte,
A le droit de dormir à l'ombre des héros ;

Puisque le souvenir de nos grandes batailles
Ne brûle pas en eux comme un sacré flambeau ;
Puisqu'ils n'ont pas de coeur ; puisqu'ils n'ont point d'entrailles ;
Puisqu'ils t'ont refusé la pierre d'un tombeau ;

C'est à nous de chanter un chant expiatoire !
C'est à nous de t'offrir notre deuil à genoux !
C'est à nous, c'est à nous de prendre ta mémoire
Et de l'ensevelir dans un vers triste et doux !

C'est à nous cette fois de garder, de défendre
La mort contre l'oubli, son pâle compagnon ;
C'est à nous d'effeuiller des roses sur ta cendre ;
C'est à nous de jeter des lauriers sur ton nom !

Puisqu'un stupide affront, pauvre femme endormie,
Monte jusqu'à ton front que César étoila,
C'est à moi, dont ta main pressa la main amie,
De te dire tout bas : Ne crains rien ! je suis là !

Car j'ai ma mission ; car, armé d'une lyre,
Plein d'hymnes irrités ardents à s'épancher,
Je garde le trésor des gloires de l'empire ;
Je n'ai jamais souffert qu'on osât y toucher !

Car ton coeur abondait en souvenirs fidèles !
Dans notre ciel sinistre et sur nos tristes jours,
Ton noble esprit planait avec de nobles ailes,
Comme un aigle souvent, comme un ange toujours !

Car, forte pour tes maux et bonne pour les nôtres,
Livrée à la tempête et femme en proie au sort,
Jamais tu n'imitas l'exemple de tant d'autres,
Et d'une lacheté tu ne te fis un port !

Car, toi la muse illustre, et moi l'obscur apôtre,
Nous avons dans ce monde eu le même mandat,
Et c'est un noeud profond qui nous joint l'un à l'autre,
Toi, veuve d'un héros, et moi, fils d'un soldat !

Aussi, sans me lasser, dans cette Babylone,
Des drapeaux insultés baisant chaque lambeau,
J'ai dit pour l'empereur : Rendez-lui sa colonne !
Et je dirai pour toi : Donnez-lui son tombeau !


Victor Hugo - 12 mars 1840

Partager cet article
Repost0
11 mars 2006 6 11 /03 /mars /2006 07:21

N'ayant pas trouvé (éh oui, deux jours de suite !) de poème de Victor Hugo
daté d'un 11 mars, je vous propose celui-ci qui porte la simple date de mars
1818 (Hugo avait 16 ans !) :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

OCEAN

VERS DE JEUNESSE - 1815-1821

LE RAMEAU DE BUIS BENIT

CHANSON


Voulant vous faire un don léger,
J'ai songé d'abord à la rose,
Mais son éclat est passager,
Et près de vous, c'est peu de chose.
D'un vieux buis, qui vit deux printemps,
J'ai préféré vous faire hommage ;
S'il est triste, il dure longtemps :
N'est-ce pas bien là mon image ?

Votre main, le jour des Rameaux,
Le prit, sans trop d'indifférence,
J'étais heureux ; mais en deux mots
Vous me ravîtes l'espérance :
" Oui, j'accepte ce rameau-là,
Car il est béni..." Quel dommage !
Si vous l'aviez pris sans cela,
Je l'aurai béni davantage.

J'ai couvert ce faible présent
D'un voile de piété feinte,
Pour que votre coeur innocent
Crût pouvoir l'accepter sans crainte ;
J'aurais voulu, j'en fait l'aveu,
( Quelle candeur était la vôtre ! )
Qu'en vous l'offrant au nom d'un Dieu
Vous le prissiez au nom d'un autre.

ENVOI

Mes dons sans doute ont peu droit de vous plaire,
Et c'est pour vous une offrande légère
Qu'un vieux buis, desséché depuis un an entier.
Mais pour moi, quand vos mains l'on reçu sans colère,
Il est plus doux qu'un myrte et plus beau qu'un laurier.


Victor Hugo - Mars 1818

Partager cet article
Repost0
10 mars 2006 5 10 /03 /mars /2006 08:08

N'ayant pas trouvé de poème de Victor Hugo daté d'un 10 mars, je vous envoie
celui-ci qu'il a écrit en mars 1854 ( sans mention du jour ) : (*)

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+

LES CONTEMPLATIONS

LIVRE QUATRIEME - PAUCAE MEAE

XVI - MORS


Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,
Noir squelette laissant passer le crépuscule.
Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule,
L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx.
Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux
Tombaient ; elle changeait en désert Babylone,
Le trône en échafaud et l'échafaud en trône,
Les roses en fumier, les enfants en oiseaux,
L'or en cendre, et les yeux des mères en ruisseaux.
Et les femmes criaient : - Rends-nous ce petit être.
Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naître ? -
Ce n'était qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ;
Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ;
Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ;
Les peuples éperdus semblaient sous la faulx sombre
Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ;
Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit.
Derrière elle, le front baigné de douces flammes,
Un ange souriant portait la gerbe d'âmes.


Victor Hugo - Mars 1854

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

(*) j'adjoins à cet envoi cet autre poème que Victor Hugo a écrit un mois de
mars (sans mention ni du jour, ni de l'année) :

LES CONTEMPLATIONS

LIVRE DEUXIEME - L'ÂME EN FLEUR

- II -


Mes vers fuiraient, doux et frêles,
Vers votre jardin si beau,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'oiseau.

Ils voleraient, étincelles,
Vers votre foyer qui rit,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'esprit.

Près de vous, purs et fidèles,
Ils accourraient nuit et jour,
Si mes vers avaient des ailes,
Des ailes comme l'amour.


Victor Hugo - Paris, mars 18...

Partager cet article
Repost0
9 mars 2006 4 09 /03 /mars /2006 00:31

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 9 mars :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

LES CHÂTIMENTS

RELIQUAT

IV - EBAUCHES ET FRAGMENTS


Semons. D'autres auront les gerbes moissonnées.
Je sais que je mourrai bientôt ; dans peu d'années
Mes yeux ne verront plus le terreste horizon.
Mon coeur bat ma poitrine et me détruit dans l'ombre,
Comme le prisonnier opiniâtre et sombre
Frappe à coups de marteau le mur de sa prison.


Victor Hugo - Jersey, 9 mars 1853

Partager cet article
Repost0
8 mars 2006 3 08 /03 /mars /2006 09:52

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 8 mars :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

TOUTE LA LYRE

LES SEPT CORDES - VI

- LII -


Horace, et toi, vieux La Fontaine,
Vous avez dit : Il est un jour
Où le coeur qui palpite à peine
Sent comme une chanson lointaine
Mourir la joie et fuir l'amour.

Ô poëtes, l'amour réclame
Quand vous dites : - nous n'aimons plus,
Nous pleurons, nous n'avons plus d'âme,
Nous cachons dans nos coeurs sans flamme
Cupidon goutteux et perclus. -

Le temps d'aimer jamais ne passe,
Non, jamais le coeur n'est fermé.
Hélas ! vieux Jean, ce qui s'efface,
Ce qui s'en va, mon doux Horace,
C'est le temps où l'on est aimé.


Victor Hugo - 8 mars 1849

Partager cet article
Repost0
7 mars 2006 2 07 /03 /mars /2006 08:02

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 7 mars ( sans mention de l'année ) :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

LES ANNEES FUNESTES

- XXIV -


Vous êtes riche, heureux, souriant, point austère,
Bien mis, homme du monde et maître de la terre ;
Vous êtes empereur, et de plus élégant ;
Bourgeois de Suisse, ainsi que fut bourgeois de Gand
Charles-Quint, votre égal, et, sans souci de l'âge,
Vous voyez à vos pieds tout un frais vasselage
De boucles roses, d'airs aimables, de doux yeux,
De bras nus, de seins nus, ne demandant pas mieux ;
Vous êtes cavalier accompli, valseur tendre ;
Quoique j'habite loin de vous, je puis entendre
Les bénédictions, les voeux, les hosannas
Qu'avec tous les clergés chantent tous les sénats,
Et dont vous écoutez vaguement l'harmonie ;
Héros si bon vous semble, et, s'il vous plaît, génie,
Clio vous donne au choix le socle et les métaux
Dans tout le bric-à-brac de ses vieux pédestaux ;
Chez vous tout est rayons, reflets d'or, parfums d'ambre,
Et, chaîne au cou, le code est huissier d'antichambre ;
Vous possédez sur terre un coin du firmament,
Et le Louvre, et Compiègne, et Saint-Cloud si charmant
Dans la saison riante où l'hirondelle émigre,
O prince, - et vous avez des taches comme un tigre.


Victor Hugo - 7 mars

Partager cet article
Repost0
6 mars 2006 1 06 /03 /mars /2006 21:10

Voici la suite d'un poème que Victor Hugo a écrit en deux parties :
- la première partie a été écrite un 27 février (*)
- la seconde partie (que voici) a été écrite un 6 mars.

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT

I - LE LIVRE SATIRIQUE

LE SIECLE

XXIV - ECRIT APRES LA VISITE D'UN BAGNE

...

- II -


O vieux bagne éternel ! énigme ! abîme obscur !
Que d'ombres ont passé sur ce funèbre mur !
Ici le mal, la nuit, l'ignorance servile ;
A l'autre extrémité de cette corde vile
Le génie et la foi, l'amour, la vérité,
L'inventeur, le penseur de Dieu même agité,
Le prophète écartant l'erreur impie et fausse,
Saint Jean dans son caveau, Daniel dans la fosse,
Galilée au cachot, Colomb au cabanon ;
Et, remontant au jour de chaînon en chaînon,
Cette chaîne de deuil, sur la terre jetée,
Qui commence à Poulmann, finit à Prométhée.
A travers six mille ans, et traînant en chemin
Ses monstrueux anneaux sur tout le genre humain,
Elle part de Toulon et s'attache au Caucase.
L'homme met la lumière et l'ombre au même vase ;
Le bagne, enfer stupide, admet dans son tombeau
Depuis l'homme poignard jusqu'à l'homme flambeau.

Malheur à qui dit : marche ! au progrès qui recule,
A qui jette un rayon dans notre crépuscule !
Que deviendrait l'erreur si le jour triomphait ?
C'est le même attentat et le même forfait,
Le même crime avec la même peine immonde
Que de tuer un homme ou de trouver un monde.
Lucifer est Satan ; l'aigle est le basilic.
Quiconque allume un phare est l'ennemi public.
Quoi, l'archange enchaîné coudoyant les vampires !
O morne aveuglement de l'homme et de ses lois !

L'esprit tremble et frémit devant toutes ces croix
Que portent les voyants, les inspirés, les sages ;
Pour s'enfuir de la vie on cherche des passages,
Ciel juste, quand on songe à ces révélateurs
Qu'on a saisis, pensifs et venant des hauteurs,
Qu'on a punis du bien ainsi que d'une faute
Liés avec le crime au poteau côte à côte,
Qu'on a fouettés, martyrs saignants et radieux,
Et qui furent forçats parce qu'ils étaient dieux !


Victor Hugo - 6 mars. - Jersey, 1853

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

(*) Dans le message du 27 février, j'avais dit qu'aucune mention d'année
n'était indiqué. Le poème d'aujourd'hui mentionne 1853 ; il est fort probable
que cette année soit valable aussi pour la première partie.

 

-.-.-

Un autre poème ?

Partager cet article
Repost0
5 mars 2006 7 05 /03 /mars /2006 14:30

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 5 mars ( sans mention de l'anneé ) :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

TOUTE LA LYRE

LES SEPT CORDES - II

- II -


Je ne vois pas pourquoi je ferais autre chose
Que rêver sous l'arbre où le ramier se pose ;
Les chars passent, j'entends grincer les durs essieux ;

Quand les filles s'en vont laver à la fontaine,
Elles prêtent l'oreille à ma chanson lointaine,
Et moi je reste au fond des bois mystérieux,

Parce que le hallier m'offre des fleurs sans nombre,
Parce qu'il me suffit de voir voler dans l'ombre
Mon chant vers les esprits et l'oiseau vers les cieux.


Victor Hugo - 5 mars

Partager cet article
Repost0