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22 février 2006 3 22 /02 /février /2006 09:02

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 22 février (sans mention d'année) :

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LES CHÂTIMENTS

LIVRE PREMIER

LA SOCIETE EST SAUVEE

XIII - CHANSON


La femelle ? elle est morte.
Le mâle ? un chat l'emporte
Et dévore ses os.
Au doux nid qui frissonne
Qui reviendra ? personne .
Pauvres petits oiseaux !

Le pâtre absent par fraude !
Le chien mort ! le loup rôde,
Et tend ses noirs panneaux.
Au bercail qui frissonne
Qui veillera ? personne.
Pauvres petits agneaux !

L'homme au bagne ! la mère
A l'hospice ! ô misère !
Le logis tremble aux vents ;
L'humble berceau frissonne
Qui reste-t-il ? personne.
Pauvres petits enfants !


Victor Hugo - 22 février, Jersey

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21 février 2006 2 21 /02 /février /2006 12:38

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 21 février :

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LES CHANTS DU CREPUSCULE

- XVI -


Le grand homme vaincu peut perdre en un instant
Sa gloire, son empire, et son trône éclatant,
Et sa couronne qu'on renie,
Tout, jusqu'à ce prestige à sa grandeur mêlé
Qui faisait voir son front dans un ciel étoilé ;
Il garde toujours son génie !

Ainsi, quand la bataille enveloppe un drapeau,
Tout ce qui n'est qu'azur, écarlate, oripeau,
Frange d'or, tunique de soie,
Tombe sous la mitraille en un moment haché,
Et lambeau par lambeau, s'en va comme arraché
Par le bec d'un oiseau de proie ;

Et, qu'importe ! à travers les cris, les pas, les voix,
Et la mêlée en feu qui sur tous à la fois
Fait tourner son horrible meule,
Au plus haut de la hampe, orgueil des bataillons,
Où pendait cette pourpre envolée de haillons,
L'aigle de bronze reste seule !


Victor Hugo - 21 février 1835

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20 février 2006 1 20 /02 /février /2006 05:55

Voici un poème que Victor Hugo écrivit un 20 février :

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LES VOIX INTERIEURES

- XXI -


Dans ce jardin antique où les grandes allées
Passent sous les tilleuls si chastes, si voilées
Que toute fleur qui s'ouvre y semble un encensoir,
Où, marquant tous ses pas de l'aube jusqu'au soir,
L'heure met tour à tour dans les vases de marbre
Les rayons du soleil et les ombres de l'arbre,
Anges, vous le savez, oh ! comme avec amour,
Rêveur, je regardais dans la clarté du jour
Jouer l'oiseau qui vole et la branche qui plie,
Et de quels doux pensers mon âme était remplie,
Tandis que l'humble enfant dont je baise le front,
Avec ses pas joyeux pressant mon pas moins prompt,
Marchait en m'entraînant vers la grotte où le lierre
Met une barbe verte au vieux fleuve de pierre !


Victor Hugo - 20 février 1837

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19 février 2006 7 19 /02 /février /2006 00:00

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 19 février :

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LES CHANTS DU CREPUSCULE

- XXIX -

Puisque nos heures sont remplies
De trouble et de calamités ;
Puisque les choses que tu lies
Se détachent de tous côtés ;

Puisque nos pères et nos mères
Sont allés où nous irons tous,
Puisque des enfants, têtes chères,
Se sont endormis avant nous ;

Puisque la terre où tu t'inclines
Et que tu mouilles de tes pleurs,
A déjà toutes nos racines
Et quelques-unes de nos fleurs ;

Puisqu'à la voix de ceux qu'on aime
Ceux qu'on aima mêlent leurs voix ;
Puisque nos illusions même
Sont pleines d'ombres d'autrefois ;

Puisqu'à l'heure où l'on boit l'extase
On sent la douleur déborder,
Puisque la vie est comme un vase
Qu'on ne peut emplir ni vider ;

Puisqu'à mesure qu'on avance
Dans plus d'ombre on sent flotter ;
Puisque la menteuse espérance
N'a plus de conte à nous conter ;

Puisque le cadran, quand il sonne,
Ne nous promet rien pour demain,
Puisqu'on ne connaît plus personne
De ceux qui vont dans le chemin,

Mets ton esprit hors de ce monde !
Mets ton rêve ailleurs qu'ici-bas !
Ta perle n'est pas dans notre onde !
Ton sentier n'est point sous nos pas !

Quand la nuit n'est pas étoilée,
Viens te bercer aux flots des mers ;
Comme la mort elle est voilée,
Comme la vie ils sont amers.

L'ombre et l'abîme ont un mystère
Que nul mortel ne pénétra ;
C'est Dieu qu'il leur dit de se taire
Jusqu'au jour où tout parlera !

D'autres yeux de ces flots sans nombre
Ont vainemant cherché le fond ;
D'autres yeux se sont emplis d'ombre
A contempler ce ciel profond.

Toi, demande au monde nocturne
De la paix pour ton coeur désert !
Demande une goutte de cette urne !
Demande un chant à ce concert !

Plane au-dessus des autres femmes,
Et laisse errer tes yeux si beaux
Entre le ciel où sont les âmes
Et la terre où sont les tombeaux !

Victor Hugo - 19 février 1835

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18 février 2006 6 18 /02 /février /2006 00:00

Voici un poème que Victor Hugo écrivit un 18 février :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

LES CHANTS DU CREPUSCULE

XII - NOUVELLE CHANSON

SUR UN VIEIL AIR CONNU

S'il est un charmant gazon
Que le ciel arrose,
Où brille en toute saison
Quelque fleur éclose,
Où l'on cueille à pleine main
Lys, chèvrefeuille et jasmin,
J'en veux faire le chemin
Où ton pied se pose !

S'il est un sein bien aimant
Dont l'honneur dispose,
Dont le ferme dévouement
N'ait rien de morose,
Si toujours ce noble sein
Bat pour un digne dessein,
J'en veux faire le coussin
Où ton front se pose !

S'il est un rêve d'amour
Parfumé de rose,
Où l'on trouve chaque jour
Quelque douce chose,
Un rêve que Dieu bénit,
Où l'âme à l'âme s'unit,
Oh ! j'en veux faire le nid
Où ton coeur se pose !

Victor Hugo - 18 février 1834

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17 février 2006 5 17 /02 /février /2006 00:00

Voici la fin (3è partie) de ce long poème que Victor Hugo écrivit du 11 au
17 février 1821 ( il avait alors 19 ans ) :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+

ODES ET BALLADES

ODE QUATRIEME

QUIBERON

( suite et fin)

...

- IV -

On dit que, de nos jours, viennent, versant des larmes,
Prier au champ fatal où ces preux sont tombés,
Les vierges, les soldats fiers de leurs jeunes armes,
Et les vieillards lents et courbés.
Du ciel sur les bourreaux appelaient l'indulgence,
Là, nul n'implore la vengeance,
Tous demandent le repentir ;
Et chez ces vieux bretons, témoins de tant de crimes,
Le pélerin, qui vient invoquer les victimes,
Souvent lui même est un martyr.

Victor Hugo - du 11 au 17 février 1821

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16 février 2006 4 16 /02 /février /2006 08:03

Voici la suite (3è partie) de ce long poème que Victor Hugo écrivit du 11 au
17 février 1821 ( il avait alors 19 ans ) :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+

ODES ET BALLADES

ODE QUATRIEME

QUIBERON

( suite )

...

- III -

Vous pour qui s'est versé le sang expiatoire,
Bénissez le Seigneur, louez l'heureux Sombreuil ;
Celui qui monte au ciel, brillant de tant de gloire,
N'a pas besoin de chants de deuil !
Bannis, on va vous rendre enfin une patrie ;
Captifs, la liberté chérie
Se montre à vous dans l'avenir.
Oui, de vos longs malheurs chantez la fin prochaine ;
Vos prisons vont s'ouvrir, on brise votre chaîne ;
Chantez ! votre exil va finir.

En effet, - des cachots la porte à grand bruit roule,
Un étendard paraît, qui flotte ensanglanté ;
Des chefs et des soldats l'environnent en foule,
En invoquant la liberté !
" Quoi ! disaient les captifs, déjà l'on vous délivre ! ... "
Quelques-uns s'empressent de suivre
Les bourreaux devenus meilleurs.
" Adieu, leur criait-on, adieu, plus de souffrance ;
Nous nous reverrons tous, libres, dans notre France ! "
Ils devraient se revoir ailleurs.

Bientôt, jusqu'aux prisons des captifs en prières,
Arrive un sourd fracas, par l'écho répété ;
C'étaient leurs fiers vainqueurs qui délivraient leurs frères,
Et qui remplissaient leur traité !
Sans troubler les proscrits, ce bruit vint les surprendre ;
Aucun d'eux ne savait comprendre
Qu'on pût se jouer des serments ;
Ils disaient aux soldats : " Votre foi nous protège ; "
Et, pour toute réponse, un lugubre cortège
Les traîna sur les corps fumants !

Le jour fit place à l'ombre et la nuit à l'aurore,
Hélas ! et, pour mourir traversant la cité,
Les crédules proscrits passaient, passaient encore,
Aux yeux du peuple épouvanté !
Chacun d'eux racontait, brûlant d'un saint délire,
A ses compagnons de martyre
Les malheurs qu'il avait soufferts ;
Tous succombaient sans peur, sans faste, sans murmure,
Regrettant seulement qu'il fallût un parjure,
Pour les immoler dans les fers.

A coups multipliés la hache abat les chênes.
Le vil chasseur, dans l'antre ignoré du soleil,
Egorge lentement le lion dont ses chaînes
Ont surpris le noble sommeil.
On massacra longtemps la tribu sans défense.
A leur mort assistait la France,
Jouet des bourreaux triomphants ;
Comme jadis, aux pieds des idoles impures,
Tour à tour, une veuve, en de longues tortures,
Vit expirer ses sept enfants.

C'étaient là les vertus d'un sénat qu'on nous vante !
Le sombre esprit du mal sourit en le créant ;
Mais ce corps aux cent bras, fort de notre épouvante,
En son sein portait son néant.
Le colosse de fer s'est dissout dans la fange.
L'anarchie, alors que tout change,
Pense voir ses oeuvres durer ;
Mais ce pygmalion, dans ses travaux frivoles,
Ne peut donner la vie aux horribles idoles
Qu'il se fait pour les adorer.

( à suivre )

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15 février 2006 3 15 /02 /février /2006 08:39

oici un poème que Victor Hugo a écrit un 15 février :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

LES CONTEMPLATIONS

AUJOURD'HUI - 1843 - 1855

LIVRE QUATRIEME

PAUCA MEAE

- II -

15 FEVRIER 1843

Avec celui qui t'aime, et sois heureuse en lui.
- Adieu ! - Sois son trésor, ô toi qui fus le nôtre !
Va, mon enfant béni, d'une famille à l'autre.
Emporte le bonheur et laisse-nous l'ennui !

Ici l'on te retient, là-bas on te désire.
Fille, épouse, ange, enfant, fais ton double devoir.
Donne-nous un regret, donne-leur un espoir,
Sors avec une larme ! entre avec un sourire !

Victor Hugo - Dans l'église, 15 février 1843

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14 février 2006 2 14 /02 /février /2006 00:00

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 14 février :

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LES RAYONS ET LES OMBRES

- IX -

A MADEMOISELLE FANNY DE P.

O vous que votre âge défend,
Riez ! tout vous caresse encore.
Jouez ! chantez ! soyez l'enfant !
Soyez la fleur ! soyez l'aurore !

Quant au destin, n'y songez pas.
Le ciel est noir, la vie est sombre.
Hélas ! que fait l'homme ici-bas ?
Un peu de bruit dans beaucoup d'ombre.

Le sort est dur, nous le voyons.
Enfant ! souvent l'oeil plein de charmes
Qui jette le plus de rayons
Répand aussi le plus de larmes.

Vous que rien ne vient éprouver,
Vous avez tout ! joie et délire,
L'innocence qui fait rêver,
L'ignorance qui fait sourire.

Vous avez, lys sauvé des vents,
Coeur occupé d'humbles chimères,
Ce calme bonheur des enfants,
Pur reflet du bonheur des mères.

Votre candeur vous embellit.
Je préfère à toute autre flamme
Votre prunelle que remplit
La clarté qui sort de votre âme.

Pour vous ni soucis ni douleurs.
La famille vous idolâtre.
L'été, vous courez dans les fleurs ;
L'hiver, vous jouez près de l'âtre.

La poésie, esprit des cieux,
Près de vous, enfant, s'est posée ;
Votre mère l'a dans ses yeux,
Votre père dans sa pensée.

Profitez de ce temps si doux !
Vivez ! -- La joie est si vite absente ;
Et les plus sombres d'entre nous
Ont eu leur aube éblouissante.

Comme on prie avant de partir,
Laissez-moi vous bénir, jeune âme, --
Ange qui serez un martyr !
Enfant qui serez une femme !

Victor Hugo - 14 février 1840, minuit.

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13 février 2006 1 13 /02 /février /2006 09:15

Voici la suite (2è partie) de ce long poème que Victor Hugo écrivit du 11 au
17 février 1821 ( il avait alors 19 ans ) :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+

ODES ET BALLADES

ODE QUATRIEME

QUIBERON

( suite )

...

- II -

Quiberon vit jadis, sur son bord solitaire,
Des français assaillis s'apprêter à mourir,
Puis, devant les deux chefs, l'airain fumant se taire,
Et les rangs désarmés s'ouvrir.
Pour sauver ses soldats l'un d'eux offrit sa tête ;
L'autre accepta cette conquête,
De leur traité gage inhumain :
Et nul guerrier ne crut sa promesse frivole,
Car devant les drapeaux, témoins de leur parole,
Tous deux s'étaient donné la main !

La phalange fidèle alors livra ses armes.
Ils marchaient ; une armée environnait leurs pas,
Et le peuple accourait, en répandant des larmes,
Voir ces preux, sauvés du trépas.
Ils foulaient en vaincus les champs de leurs ancêtres ;
Ce fut un vieux temple, sans prêtres,
Qui reçut ces vengeurs des rois ;
Mais l'humble autel manquait à la pieuse enceinte,
Et, pour se consoler, dans cette prison sainte,
Leurs yeux en vain cherchaient la croix.

Tous prièrent ensemble, et, d'une voix plaintive,
Tous, se frappant le sein, gémirent à genoux.
Un seul ne pleurait pas dans la tribu captive :
C'était lui qui mourait pour tous ;
C'était Sombreuil, leur chef. Jeune et plein d'espérance,
L'heure de son trépas s'avance ;
Il la salue avec ferveur.
Le supplice, entouré des apprêts funéraires,
Est beau pour un chrétien qui, seul, va pour ses frères
Expirer, semblable au Sauveur.

" Oh ! cessez, disait-il, ces larmes, ces reproches,
Guerriers ; votre salut prévient tant de douleurs !
Combien à votre mort vos amis et vos proches,
Hélas ! auraient versé de pleurs !
Je romps avec vos fers mes chaînes éphémères ;
A vos épouses, à vos mères,
Conservez vos jours précieux.
On vous rendra la paix, la liberté, la vie ;
Tout ce bonheur n'a rien que mon coeur vous envie ;
Vous, ne m'enviez pas les cieux. "

Le sinistre tambour sonna l'heure dernière,
Les bourreaux étaient prêts ; on vit Sombreuil partir.
La soeur ne fut point là pour leur ravir le frère, -
Et le héros devint martyr.
L'exhortant de la voix et de son saint exemple,
Un évèque, exilé du temple,
Le suivit au funeste lieu ;
Afin que le vainqueur vît, dans son camp rebelle,
Mourir, près d'un soldat à son prince fidèle,
Un prêtre fidèle à son Dieu !

( à suivre )

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