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16 février 2006 4 16 /02 /février /2006 20:04
F… comme Faon
Il existe plusieurs sortes de faons. On peut noter le faon de chichourle dans le midi, le faon de garce au nord de la Loire et le van de Putt outre-Quiévrain. Le faon est un animal gracieux à la démarche légère, ailée, comme l’a écrit le poète :
« Il me plait de voir au soleil couchant
Gambader gaiement les doux ailés faons. »
En vieillissant, le faon mâle devient un cerf dont la démarche est si aérienne qu’il semble planer : c’est le fameux cerf volant. D’aucuns font un jeu de mots facile avec cerveau lent, qu’on ne s’y trompe pas, la seule période pendant laquelle le cerf n’a pas l’esprit vif est celle du brame : s’il maintient alors une érection digne de Carnac, l’afflux de sang dans les corps caverneux fait qu’il n’en reste guère pour irriguer le cerveau. Il n’est pas le seul dans ce cas, comme l’écrivit Abélard : « Homo erectus non anima habet », on se console comme on peut. Toujours est-il que la belle érection du cerf en automne a fait nommer cette période le brame à poutre apparente. Le brame à poutre est d’ailleurs aux Indes l’objet d’un culte qui ne serait pas sans rapport avec les rites de fertilité. Il faut dire que le cerf est résolument polygame, il est toujours entouré de son harem, pour le moins un paquet de six biches ce qui n’est pas sans influence sur sa voix éraillée. Il est à noter que la biche, saillie à l’automne, ne met pas bas, elle faonne au printemps quand tout refleurit, bel exemple de l’esprit de contradiction féminin.
À l’adolescence, les faons mâles doivent étudier auprès du cerf pour devenir plus tard, à leur tour, de parfaits machos reproducteurs. Ce sont des élèves attentifs qui travaillent avec zèle, justement nommés les zélés faons.
En Grande-Bretagne, « faon » se dit « fawn », même pas fichus de copier correctement ! Du coup comment voulez-vous savoir comment se prononce « fawn », comparez avec la simplicité de « faon » !
Décidément, si Petit-Breton est célèbre pour son coup de pédale, le Grand-Breton reste mystérieux.
Claude Brunet
 
 
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7 février 2006 2 07 /02 /février /2006 09:33
É… comme Éléphant
Quelle ne fut pas ma surprise en lisant dans la remarquable étude du professeur T*** que l’éléphant possédait quatre genoux (cf. Les clés du bestiaire no 5). Après de longues recherches, je peux affirmer qu’il n’en est rien : l’éléphant a des coudes et une fameuse paire encore ! De plus que faire avec quatre genoux si ce n’est se faire remarquer comme catéchumène particulièrement dévot ? Le professeur T*** dont tous se plaisent à souligner la rigueur scientifique, délaissant le domaine de la raison, avait-il rejoint les rangs des tenants de l’obscurantisme confessionnel ? Sinon où était-il aller pêcher ces lubies ? L’éminent scientifique était pourtant parfaitement innocent, pris par une étude primordiale visant à déterminer si le Beaujolais nouveau est plus gouleyant à vomir qu’à boire, étude à laquelle le jury Nobel s’intéresse de si près qu’il semble que les jeux soient faits, l’éminent scientifique disais-je, avait confié à un assistant le soin de publier son texte. C’est ce dernier qui est responsable de cette inflation rotulienne. Malice cléricale ou incompétence ? Nul ne le sait puisqu’en bonne justice française la condamnation a précédé l’enquête et l’indélicat a été remercié immédiatement à coups de pompes dans le train.
La vérité étant rétablie, il est bon de signaler que l’éléphant, doté de nombreux dons, est un excellent montagnard qui franchit les cols sans équipements spéciaux. L’Histoire en a retenu deux exemples. Tout d’abord Hannibal (Barca, pas Lecter) qui traversa les Pyrénées et les Alpes avec son armée et ses éléphants. La tradition dit que ses soldats étaient si contents en arrivant en Italie qu’ils manifestèrent leur jubilation en jetant leurs piques aux nues selon une vieille coutume carthaginoise.
L’autre exemple est celui de Roland le preux qui franchit le col de Roncevaux en jouant avec son éléphant. Je précise qu’à l’époque, l’orthographe française n’avait pas encore atteint ce degré de développement qui fait le régal de tous et « éléphant » se notait « olifant ». Roland avait parié qu’il arriverait au sommet du col avant son olifant mais, handicapé par un cor il ne put réussir. Son compagnon Olivier l’avait d’ailleurs prévenu : « Ne barris jamais avec un éléphant, tu perdrais ! » (Olivier, enrhumé, parlait du nez). Des littérateurs aussi peu compétents que l’assistant du professeur T*** ont inventé à ce propos une fumeuse histoire d’embuscade pendant laquelle Roland soit sonne de son cor (pourquoi pas d’un œil de perdrix !) soit dans une défense d’éléphant (alors que l’éléphant est doté d’une trompe sonore !). Ces élucubrations montrent bien que la sottise n’a pas d’âge !
Les anglo-saxons surnomment l’éléphant « Jumbo » et appellent les plus gros aéroplanes Jumbo-jets. Un célèbre dessin animé avait déjà tenté de faire croire que les éléphants volaient. Il n’en est rien et c’est heureux : ceux qui se sont déjà fait fienter dessus par un pigeon en conviendront volontiers.
En Grande-Bretagne, le mot « trunk » signifie à la fois « malle » et « trompe » et les insulaires prétendent qu’un éléphant part en voyage quand sa trompe est pleine. Mais dans ce cas comment fait-il pour actionner sa trompe quand il se fait la malle ?
Décidément, si Petit-Breton est célèbre pour son coup de pédale, le Grand-Breton reste mystérieux.
Claude Brunet
 
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27 décembre 2005 2 27 /12 /décembre /2005 00:00
D… comme Dromadaire
Le dromadaire n’en a qu’une, comme Quasimodo, le chameau en a deux comme papa. Cette unicité bossue ne le rend pas plus humble et si le chameau est doté du caractère éponyme, le dromadaire possède un vrai caractère de cochon. Cependant, si vous ne deviez boire qu’une fois par semaine et que ce ne fût que de l’eau dans le fût, qu’en serait-il de votre humeur ? Il faut toutefois noter un point en sa faveur : le dromadaire, simplement, blatère quand l’homme politique, fièrement, déblatère.
Bien que cela n’ait qu’un rapport lointain avec notre sujet, je vous signale que l’aéroport de Montélimar a été baptisé Aérodrome Ader, en hommage au pionnier de l’aviation. Il connaît un trafic intense, les gastronomes de tous les pays s’y pressent car, c’est bien connu, les gourmets, au nougat de la Drôme, adhèrent.
Quand le dromadaire se déplace, il va l’amble. Cette démarche chaloupée qui lui a valu le surnom de « Vaisseau du désert » permet à des populations qui n’ont jamais vu la mer d’éprouver son mal. Comme le déclarait le père de Foucauld en descendant de dromadaire à Tamanrasset : « Putain de merde, il était temps d’arriver, j’en étais à gerber le contenu de mes doigts de pied ! ». On notera que le futur saint avait gardé de son passé militaire un langage sans afféterie.
Au Sahara, le dromadaire est appelé « méhari ». En son temps, la maison Citroën baptisa ainsi un de ses modèles dont la douceur de suspension rappelait celle de l’amble dromadairienne. Toutefois, les touaregs et les bédouins préférèrent remplacer leurs méhara par des 4x4 japonais de marque Ta-Po-Ku. Encore une fois, la France, pionnière, se voyait privée du fruit de son invention mais son exemple ne devait pas être oublié et, aujourd’hui, à son tour, la Chine se dresse face aux nippons pour pénétrer des marchés économiques prometteurs, dans un premier temps et faute de mieux.
En Grande-Bretagne, quoique le mot « dromedary » existe, la confusion est totale avec « camel » suite à l’aspect du paquet de cancer en tubes bien connu. Ceci dit quand on y regarde de plus près on découvre la promesse d’un mélange turc tandis que se profile derrière le dromadaire une pyramide. Je me demande ce que fumait exactement le dessinateur. Décidément, si Petit-Breton est célèbre pour son coup de pédale, le Grand-Breton reste mystérieux.
Claude Brunet
 
 
 Fig. 1 : Stanley tentant de draguer Agatha Christie.

 
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9 décembre 2005 5 09 /12 /décembre /2005 09:36
Les clés du bestiaire numéro 3bis
 
C… comme Crabe
Le crabe, comme l’ivrogne, marche de côté, ce qui suffit à le rendre sympathique à l’hédoniste. Une controverse est née à ce sujet : faut-il davantage de neurones pour aller de biais avec huit pattes et deux pinces crues qu’avec deux jambes et une cuite ? Pour ma part, je n’hésite pas : l’économie de moyens est toujours le signe d’un stade avancé dans l’échelle de l’évolution, je donnerai donc l’avantage au pochard. Quoique, avec les prix atteints par le jus de la treille, l’économie de moyens exige tout de même des moyens économiques d’un niveau auquel le R.M.I. ne saurait prétendre.
Les crabes les plus connus sont le tourteau ou dormeur, l’araignée de mer, l’enragé ou crabe vert et le crabe étrille ainsi nommé parce que, sans lui, on peut se brosser pour obtenir une bonne soupe de poissons.
Il existe aussi un crabe qui vit dans les arbreset qui est célèbre pour pratiquer le crabotage : tout bon dictionnaire vous le dira : il s’agit de l’accouplement de deux arbres. Cela se fait par l’intermédiaire du crabot « dispositif à dents qui permet d'accoupler de façon rigide un arbre moteur à un arbre récepteur ». C’est pas rien, la vie sexuelle des arbres !
Attention, le crabe se nomme aussi « cancer », il engage alors avec l’homme une lutte ou le vainqueur dévore le perdant. Si, généralement, l’homme mène largement à la marque (surtout si la sauce est bonne), il doit prendre garde de ne pas jouer les prolongations et spécialement éviter l’épreuve dite de la « mort subite ».
En Grande-Bretagne, au lieu de servir le crabe avec de la mayonnaise comme il se doit, il est généralement accompagné d’un brouet clair constitué d’eau chaude dans laquelle infuse une feuille de menthe. Ce brouet d’un intérêt plus diététique que gastronomique, se nomme « trempette », il est servi dans un bol sur lequel le crabe est posé, ce morne plat misérable s’appelle d’ailleurs « trempette sous un crabe ». Décidément, si Petit-Breton est célèbre pour son coup de pédale, le Grand-Breton reste mystérieux.
 
Claude Brunet
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9 décembre 2005 5 09 /12 /décembre /2005 08:10
Les clés du bestiaire 2 bis
 
B… comme Bouc
Le bouc est justement renommé pour son port altier, le fameux port de bouc (13110). Bien que les habitants des Bouches-du-Rhône lui rendent pour cela hommage, la femelle du bouc n’est pas la bouche, nom d’une pipe ! mais la chèvre. Comme son nom latin le laisse entendre, celle-ci est capricieuse voire volage. En effet, elle ne donne pas sa part au chien quand il s’agit d’aller voir le loup avec M. Seguin comme le relata A. Daudet. Du coup, le bouc devient chèvre et, désespéré, chevrote à tous les échos qui le lui rendent bien un chant désespéré : « Capri, c’est fini ! ».
L’inconduite de la chèvre est d’autant incompréhensible que le bouc a une sacré réputation qui ne fait que croître avec l’âge, le vieux bouc étant à ce titre justement réputé.  Il fut même, dès le paléolithique, l’objet d’un culte accompagné de rites amusants. Faisant preuve de son habituelle bénignité, la Sainte Inquisition organisa moult réunions en plein air mais bien chauffées grâce à un combustible nommé « sorcière », afin d’instruire les masses et de les convaincre de renoncer à ces pratiques peu conformes avec l’évangile. Tant pis !
Avec le poil de bouc, on tisse un cachemire parfumé, plus solide que celui obtenu avec le poil de chèvre. Comme son nom l’indique, le cachemire ne sied pas aux installateurs de télévision et, a fortiori, aux masses incultes qui préfèrent s’abrutir devant le petit écran que se faire chier à Bayreuth ou en bibliothèque. Son port est donc surtout le fait des élites intellectuelles.
Cavelier de La Salle rapporte dans ses Mémoires que le bouc est fort respecté des Iroquois. Voici l’histoire : un grand chef de la tribu, pourvu d’une riche garde-robe et pour cela nommé Dix Pardessus était en méditation sur un roc plein de confort quand un malencontreux mouvement le fit glisser et peu s’en fallut qu’il ne chut à l’abîme, ne parvenant que de justesse à se retenir. Un bouc qui passait par là saisit son vêtement de ses dents et permit au chef de regagner la sécurité de la plate forme. Moralité : le bouc tint bon Dix Pardessus.
En Grande-Bretagne, « bouc » se dit « billy goat », tandis que « bouc » qui s’écrit « book » signifie « bouquin » lequel, comme chacun sait est le lièvre mâle qui n’a comme point commun avec le bouc que d’être un chaud lapin. Est-ce la raison ? Nul ne le sait, car si Petit-Breton est célèbre pour son coup de pédale, le Grand-Breton reste mystérieux.
 
Claude Brunet.
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9 décembre 2005 5 09 /12 /décembre /2005 08:07

Les clés du bestiaire 1bis

 

A… comme Araignée.

Quoique d’une taille qui ne la hausse guère au-dessus du rang de bestiole, l’araignée n’est pas un insecte mais un arachnide. C’est pourquoi elle possède non pas six mais huit pattes. Comme l’écrivait J.-H. Fabre : « Quand on a arraché six pattes, les deux qui restent font l’épeire ! ».

L’araignée est connue pour tisser une toile ou viendront se prendre les mouches et autres vermines vrombissantes dont elle fait son ordinaire. Il ne faut donc pas détruire les toiles d’araignée, outre qu’il s’agit d’un dispositif tue-mouches écologique qui empêchera nombre de repoussants diptères d’aller incommoder grand’mère, on ne peut nier leur intérêt esthétique, il suffit de les comparer aux tristes tortillons jaunâtres qui pendent aux plafonds des cuisines des béotiens dans l’espoir d’y engluer les répugnants brachycères. Le foyer où foisonnent les toiles d’araignée est donc celui d’un homme de goût et de culture soucieux de l’équilibre naturel et, accessoirement, d’une feignasse plus soucieuse de feuilletons télévisés que de tâches ménagères.

D’aucuns éprouvent une peur panique et irraisonnée en présence de l’araignée, c’est l’arachnophobie qui affecte plus particulièrement la gent féminine dans des proportions proches de cent pour cent. C’est pourquoi, en son infinie sagesse et mansuétude, notre Sainte Mère l’Église refuse l’ordination des femmes qui pourrait en conduire une au trône de Saint Pierre. En effet, lorsque le Saint Père rejoint le Créateur, le nouveau pape est appelé « Araignée ». Il n’est pas impossible que ce souci d’épargner les affres de l’arachnophobie aux dames soit à l’origine de la loi salique, les nouveaux rois étant aussi appelés « Araignée ». On reconnaît bien là, la vieille galanterie française.

En Grande-Bretagne, « araignée » se dit « spider », nul n’ignore qu’il s’agit d’un cabriolet dont le cul arrondi dissimule parfois une inconfortable banquette fort difficile d’accès à l’arthritique. Est-ce parce que l’araignée appartient à l’embranchement des arthropodes que les Anglais ont ainsi baptisé ce véhicule ? Nul ne le sait, car si Petit-Breton est célèbre pour son coup de pédale, le Grand-Breton reste mystérieux.

Claude Brunet

 

 

 

 

 

 

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