Contrairement aux magazines Le Monde et Le Point, aux sites Médiapart et Rue 89, etc., je précise que personne ne m'a volé mon ordinateur.
Mais comme je me méfie, j'ai piégé mon TO7.
M.T.
Contrairement aux magazines Le Monde et Le Point, aux sites Médiapart et Rue 89, etc., je précise que personne ne m'a volé mon ordinateur.
Mais comme je me méfie, j'ai piégé mon TO7.
M.T.
Est-ce qu'un fusil à pompe est muni d'un raccord pour bicyclette ?
Entre un roman policier et un livre sur l'athéisme, je viens de lire Un Roman français de Frédéric Beigbeder, prix Renaudot 2009.
J'ai moyennement aimé, compte tenu de la barre placée à la hauteur de la récompense reçue. On sait que l'origine de ce livre est consécutive à la garde à vue de plus de 24 h subie par l'auteur parce qu'il s'est fait choper à trois heures du matin, en train de sniffer de la coke sur le capot d'une voiture : le rail associé à la voiture, s'appelle ferroutage, mais chez les flics c'est une infraction entraînant une arrestation.
Cette épisode a profondément marqué Frédo puisqu'il en a accouché d'un roman de 254 pages en Livre de Poche. La garde a vue dans des conditions pénibles a été pour lui l'occasion de rassembler ses souvenirs, du moins une partie d'entre eux puisqu'il lui semble qu'avant 15 ans, la mémoire lui fait défaut.
Beigbeder égrène ses souvenirs, essentiellement familiaux, en alternance avec le récit de sa douloureuse garde à vue. Frédéric est un enfant issu du croisement d'une aristocrate avec un grand bourgeois voyageant sans cesse. La narration permet de décrire avec nostalgie les années 70 (il est né en 1965), les relations difficiles avec son frère aîné, le vécu douloureux du divorce de ses parents, les divers déménagemens et la succession entre périodes fastes et de vaches maigres, lorsque sa mère se retrouvait seule avec Frédo et Charlot, ses deux lardons.
Tout cela est fort sympathique (les souvenirs d'enfance avec ou sans nostalgie sont toujours attachants) mais pas très original, même si les personnes côtoyées sont notoirement connues dans le monde du shobiz, de la mode, des affaires. Trop de noms sont cités à croire qu'il a recopié par distraction son carnet d'adresses. Malgré tout, on retrouve une certaine profondeur dans les réflexions et les pensées, trop rares à mon goût, qui entrelardent le récit de son enfance et celui de sa garde à vue.
J'ai fait chauffer Google pour me renseigner sur les fondements du Prix Renaudot, créé en 1925 par des journalistes : en fait, le résultat du Renaudot est annoncé dans la minute qui suit celui du Goncourt, également chez Drouant et compenserait les injustices du Goncourt (pour cette raison, deux noms sont retenus, pour ne pas commettre de doublon). De fait, cette année c'est Virginie Despentes qui l'a obtenu : elle figurait sur la short list du Goncourt dont Houellebecq est sorti vainqueur.
Le Renaudot est attribué à un roman ou récit de ton et style nouveau. Franchement, je ne suis pas un spécialiste, mais je n'ai pas trouvé grand chose de nouveau dans le ton ou le syle plutôt plat, d'ailleurs. J'ai lu ce livre toutefois avec plaisir, presque par voyeurisme car il décrit un milieu et des moeurs qui me sont étrangers, même si j'en connaissais l'existence.
Un Roman français se lit comme un roman, il fallait le dire...
Michel Tournon
Est-ce que Théodore Monod écoutait la musique en stéréo ?
La BYRRH manie est très dangereuse !
La récente "affaire Guerlain" a remis au goût du jour le choix des mots (pas le phoque des côteaux).
En effet, le dérapage de Jean-Paul Guerlain, qui pourtant devrait être au parfum, était double en affirmant : « travailler comme un nègre » et en y ajoutant « je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé... ».
L'usage du mot "nègre" est casse-gueule : notre copain The Little Bob nous indique que ce mot a un sens vieilli ou péjoratif. Rappelons-nous que l'homme a toujours pensé changer la nature des choses, voire des choses ressenties, rien qu'en changeant simplement leur nom : maghrébin, homme de petite taille, gardienne d'immeuble, etc.
Alors, comment reconnaître celui qui utilise ce mot dans son sens ancien ou dans son sens péjoratif ? Le distinguo est important, en particulier pour les indignés, outrés, voire scandalisés professionnels qui s'achètent une vertu en dénonçant les travers souvent supposés de leurs congénères.
Dans le doute, je propose que l'on bannisse ce mot du lexique de la langue française en utilsant un mot de substitution, jusqu'à que celui-ci soit remplacé par un autre quand il sera lui aussi jugé péjoratif, à son tour. L'humeur humaine est versatile et le sens d'un mot peut changer : comme pour la trahison, ce n'est qu'une question de temps.
Au restaurant, au moment du dessert, on commandera un black en chemise, en forêt on cherchera des bolets têtes de black, et à Nice on prendra une chambre à l'hôtel Blackesco (qui est quand même plus sélect que le Julilesco).
Sans parler de l'escroc qui ne sera plus un aigrefin mais un blackfin, ce que je trouve franchement désopilant car je suis un très bon public vis-à-vis des âneries que je peux écrire.
Quoi ? Qu'entends-je ? On ne doit plus dire Black mais Keubla ? Il serait temps que j'upgrade mes connaissances. La signification des mots n'est pas à sens unique et il est vivement déconseillé d'y stationner trop longtemps.
Michel Tournon
Pour les prochaines vacances, j'hésite entre la Hongrie et l'Australie :
c'est dur de choisir entre la Budapest et le Canberra !
Je viens d'apprendre que Henning Mankell en avait marre d'écrire des polars dont le commissaire Wallender est le héros. Pire que Sir Arthur qui avait fait mourir Sherlock, il paraît que dans son dernier opus (que l'on trouve au marché), l'auteur refile la maladie d'Alzheimer à Kurt Wallender, le Bourrel d'Ystad !
On l'imagine se pointant au commissariat pour réparer la plomberie et déboucher les chiottes, oubliant qu'il est policier...
Monsieur Mankell, c'est une honte ! N'oubliez pas que les plaisanteries les plus Kurt sont les meilleures...
Michel Tournon,
lecteur indigné.
Grâce à la retraite et à mon grand frère, je lis plus qu’avant. La retraite me propose du temps libre et mon grand frère possède une immense bibliothèque. Vous l’aurez compris, cette métonymie me permet d’évoquer des rangées de livres et non le catalogue Ikea. Le puîné que je suis le remercie (mon frère, pas Ikéa) car ces lectures permettent de combler une infime partie des mes immenses lacunes culturelles (c’est long comme lacune).
Il m’a donc conseillé de lire un livre dont le titre est HHhH, de Laurent Binet, Goncourt 2010 du premier roman. Le titre est intriguant mais la 4e de couverture nous renseigne. Cette suite de « H » est un sigle signifiant Himmler Hirn heißt Heydrich ; pour ceux qui ont fait Inuit première langue au collège, je précise que cela signifie « le cerveau de Himmler s’appelle Heydrich ».
Hé oui, il s’agit d’un ouvrage évoquant la Seconde Guerre mondiale et certains de ses acteurs les plus monstrueux : Himmler (Reichsführer-SS) et son bras droit, Reinhard Tristan Eugen Heydrich. Bien que ce dernier fût le subordonné du premier, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un Nazi mineur. (Oui, je sais, on ne devrait pas rigoler avec ces choses-là).
Le synopsis est simple : Laurent Binet nous relate les préparatifs et l’assassinat du Resichssicherheitshauptamt Heydrich, le 27 mai 1942 à Prague, ce qui entraîna la mort de la Bête blonde par septicémie le 4 du mois suivant. Résumé de la sorte, on se demande pourquoi ce livre a obtenu un prix alors que les ouvrages traitant du sujet (pas forcément de manière exhaustive) sont nombreux et que notre pote Wikipédia suffirait à nous donner tous les détails de cet acte d’éradication du bourreau de Prague.
L’intérêt de cette œuvre dépend à la fois du fond et de la forme. Je dirais même, surtout de la forme. Question fond, le contenu n’est certes pas une révélation, mais pour moi comme pour beaucoup de Français, je suppose, la Seconde Guerre mondiale se résume essentiellement à un match Germains versus Gaulois avec d’autres participants, comme les Russes ou les Anglais. J’ai tendance à oublier que la peste brune s’était répandue en occupant de nombreux pays, en particulier la Tchécoslovaquie dont l’apparition dans ce conflit ne se limite pas aux Accords de Munich.
L’auteur est un amoureux de la Tchécoslovaquie, où il a quelque temps séjourné : « c’est le pays que j’aime le plus au monde » écrit-il. Et tout son livre est empreint de cet amour pour les habitants, les villes, l’histoire de ce pays. Et son immense admiration pour les responsables de l’assassinat du blondinet teuton est presque palpable lorsque l’on tourne les pages du livre. L’ouvrage relate avec beaucoup de détails de multiples événements historiques, fruit d’une recherche documentaire digne d’un chercheur universitaire lorsqu’il ne fait pas grève. La 4e de couverture précise : « Tous les personnages de ce livre ont existé ou existent encore. Tous les faits relatés sont authentiques ».
Alors, pourquoi ce livre est-il remarquable ? Par sa forme de narration ! Dès les premières pages, l’auteur précise qu’il exècre la fiction romanesque, qui consiste à affubler de détails imaginaires un fait historiquement avéré. Sous le titre de la couverture figure le mot « Roman », bien que l’auteur récuse cette appellation. Ce n’est pas non plus un livre historique. En fait, l’exercice consiste à raconter les préparations et l’attentat contre Heydrich de manière vivante, mais sans laisser son imagination vagabonder. La lecture de l'attentat proprement dit est captivante ; le récit est assorti de détails authentiques issus d'archives : nul besoin d'imagination pour conserver l'attention du lecteur, la manière de raconter est suffisante.
L'ensemble du livre est formé d’une succession de chapitres plus ou moins courts (il y en a 257 !) dans lesquels alternent le récit proprement dit et les considérations personnelles de l’auteur sur sa façon d’écrire : il évoque ses recherches, la réaction de ses proches quant à l’écriture de son bouquin, et surtout ce qu’il aurait pu écrire dans le chapitre précédent en inventant le contexte des scènes ou des événements évoqués par l’ajout de détails imaginaires : buvait-il du thé ou du café ? La tasse était-elle en porcelaine fleurie ou en faïence ? Etc.. Il imagine aussi des dialogues fatalement apocryphes. C’est certainement cette alternance constante (récit historique/point de vue de l’auteur sur son écriture) qui fait que le mot « Roman » est imprimé sur la couverture.
Je ne sais pas s’il s’agit d’un nouveau genre littéraire mais l’absence de linéarité (si, si ça existe, je viens de vérifier) rend le récit plus attrayant, un peu comme les épisodes d’un feuilleton. Et puis, cela nous oblige à nous pencher sur la valeur des fictions romanesques voire sur leur imposture.
Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce livre. Inutile de me demander l’adresse de mon frère : allez dans la librairie la plus proche de chez vous !
Michel Tournon
HHhH, de Laurent Binet, Editions Grasset, 441 pages 20,90 euros.
...et organise la première opération escargot sur Overblog !