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23 avril 2006 7 23 /04 /avril /2006 11:06

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 23 avril :

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LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT

III - LE LIVRE LYRIQUE

LA DESTINEE

VII - CHANSON


J'aime à me figurer, de longs voiles couvertes,
Des vierges qui s'en vont chantant dans les chemins
Et qui sortent d'un temple avec des palmes vertes
Aux mains ;

Un rêve qui me plaît dans mes heures moroses,
C'est un groupe d'enfants dansant dans l'ombre en rond,
Joyeux, avec le rire à la bouche et des roses
Au front !

Un rêve qui m'enchante encore et qui me charme,
C'est une douce fille à l'âge radieux
Qui, sans savoir pourquoi, songe avec une larme
Aux yeux ;

Une autre vision, belle entre les plus belles,
C'est Jeanne et Marguerite, astres, vous les voyez !
Qui, le soir, dans les près courent avec des ailes
Aux pieds !

Mais des rêves dont j'ai la pensée occupée,
Celui qui pour mon âme a le plus de douceur,
C'est un tyran qui râle avec un coup d'épée
Au coeur !


Victor Hugo - Bruxelles, 23 avril 1852

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22 avril 2006 6 22 /04 /avril /2006 10:35

Victor Hugo a écrit ce poème un 22 avril :

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LES FEUILLES D'AUTOMNE

- XXIV -


[ Mens blanda in corpore blando ]

Madame, autour de vous tant de grâce étincelle,
Votre chant est si pur, votre danse recèle
Un charme si vainqueur,
Un si touchant regard baigne votre prunelle,
Toute votre personne a quelque chose en elle
De si doux pour le coeur,

Que, lorsque vous venez, jeune astre qu'on admire,
Eclairer notre nuit d'un rayonnant sourire
Qui nous fait palpiter,
Comme l'oiseau des bois devant l'aube vermeille,
Une tendre pensée au fond des coeurs s'éveille
Et se met à chanter !

Vous ne l'entendez pas, vous l'ignorez, madame.
Car la chaste pudeur enveloppe votre âme
De ses voiles jaloux,
Et l'ange que le ciel commit à votre garde
N'a jamais à rougir quand, rêveur, il regarde
Ce qui se passe en vous.


Victor Hugo - 22 avril 1831

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21 avril 2006 5 21 /04 /avril /2006 10:29

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 21 avril :

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LES VOIX INTERIEURES

- VIII -


Venez que je vous parle, ô jeune enchanteresse !
Dante vous eût faite ange et Virgile déesse.
Vous avez le front haut, le pied vif et charmant,
Une bouche qu'entr'ouvre un bel air d'enjouement,
Et vous pourriez porter, fière entre les plus fières,
La cuirasse d'azur des antiques guerrières.
Tout essaim de beautés, gynécée ou sérail,
Madame, admirerait vos lèvres de corail.
Cellini sourirait à votre grâce pure,
Et, dans un vase grec sculptant votre figure,
Il vous ferait sortir d'un beau calice d'or,
D'un lys qui devient femme en restant lys encor,
Ou d'un de ces lotus qui lui doivent la vie,
Etranges fleurs de l'art que la nature envie !

Venez que je vous parle, ô belle aux yeux divins !
Pour la première fois quand près de vous je vins,
Ce fut un jour doré. Ce souvenir, madame,
A-t-il comme en mon coeur son rayon dans votre âme ?
Vous souriez. Mettez votre main dans ma main,
Venez. Le printemps rit, l'ombre est sur le chemin,
L'air est tiède, et là-bas, dans les forêts prochaines,
La mousse épaisse et verte abonde au pied des chênes.


Victor Hugo - 21 avril 1837

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20 avril 2006 4 20 /04 /avril /2006 10:22

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 20 avril :

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LES ANNEES FUNESTES

- LXII -


Honnête homme, c'est bien, tu souffres, sois content.
Montre, en te tenant droit, le but auquel on tend.
Sers de cible aux méchants et sers aux bons d'exemple.
Quand César est fait dieu par le prêtre en plein temple,
Quand les Trimalcions se mettent à genoux,
Prouver sa force est grand, montrer son coeur est doux.
Le malheur, tu le veux ; l'exil, tu le réclames.
La conscience est l'astre intérieur des âmes
Dont le juste en son coeur contemple le lever.
Tout est le bien venu qui vient nous éprouver.
Ce que vous appelez, vous autres, chose triste,
Sort fatal, deuil, douleur, n'est rien, quand on persiste.
Qu'importe l'ouragan, l'éclair, la foudre, tout ?
Le chêne est satisfait quand il reste debout.


Victor Hugo - 20 avril 1870

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19 avril 2006 3 19 /04 /avril /2006 10:19

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 19 avril :

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LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS

RELIQUAT


A Pâques fleuries
Dans les Tuileries
Je me promenais
A l'heure où les faunes
Aux naïades jaunes
Disent des sonnets.

Dans l'allée obscure
Où l'ombre à Mercure
Met un domino,
Parmi l'herbe éparse,
Je vis d'un air farce
Venir un moineau.

Ce gamin des arbres
Sautait sur les marbres
Et riait beaucoup
De ce que Philippe
Avait pris la grippe
La veille à Saint-Cloud.


Victor Hugo - 19 avril 1847

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18 avril 2006 2 18 /04 /avril /2006 10:13

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 18 avril :

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TOUTE LA LYRE

LES SEPT CORDES

IV - L'ART

- XVI -


Doux poëtes, chantez ! Dans vos nids, sous la feuille,
Même au déclin des ans,
L'aube vous rit ; soyez les seuls dont l'amour veuille
Dorer les cheveux blancs !

Le poëte est un chant qui vole à nos oreilles ;
Il vit dans un rayon ;
Enfant, il est Platon baisé par les abeilles,
Et, vieux, Anacréon.

Ô poëtes ! vivez, aimez, battez de l'aile,
Radieux et cachés !
Le bonheur vous convie à sa fête éternelle !
Mais si vous approchez

Des révolutions énormes et sévères,
Fier chaos, gouffre obscur
Où les sommets ont tous des formes de calvaires,
Renoncez à l'azur !

Renoncez à l'amour, renoncez à la fête !
Faites-vous de grands coeurs
Qui, dans plus de souffrance et dans plus de tempête,
Se sentent plus vainqueurs.

Le genre humain, depuis six mille ans à la chaîne,
Levant soudain le front,
S'est enfin révolté contre la vieille peine,
Contre le vieil affront ;

Il faut être puissant et grave quand on entre
Dans ces rébellions.
Soyez oiseaux ; alors ne volez pas dans l'antre ;
Ou devenez lions.


Victor Hugo - 18 avril 1854

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17 avril 2006 1 17 /04 /avril /2006 10:06

Voici un très long poème que Victor Hugo a écrit un 17 avril :

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LA LEGENDE DES SIECLES

XLIII - LE TEMPLE


Joie à la terre, et paix à celui qui contemple !
Ecoutez, vous ferez sur la montagne un temple,
Et vous le bâtirez la nuit pour que jamais
On ne sache qui l'a placé sur ces sommets ;
Vous le ferez, ainsi l'ordonne le prophète,
Du toit aux fondements et de la base au faîte,
Avec des blocs mis l'un sur l'autre simplement,
Et ce temple, construit de roche sans ciment,
Sera presque aussi haut que toute la montagne.
Les forêts qu'un murmure éternel accompagne,
L'Océan qui bondit ainsi que les troupeaux
Et n'a point de fatigue et n'a point de repos,
Les monts sans tache, blancs comme les coeurs sans vice,
C'est tout ce que verront du seuil de l'édifice
Les hommes qui viendront par cent chemins divers ;
Car vous aurez compris qu'il faut que l'univers
Ait autour de ce temple une grave attitude.
Et vous l'aurez bâti dans une solitude
Afin qu'il soit tranquille, et pour que l'horizon
Convienne à cette auguste et farouche maison ;
Et les hommes, pasteurs, apôtres, patriarches,
Regarderont le temple et monteront les marches,
Et sous la haute porte ils baisseront le front.
Quand ils seront entrés, voici ce qu'ils verront :

Au-dessous d'une voûte en granit, située
Si haut qu'il semblera qu'elle est dans la nuée,
Entre quatre grands murs nus et prodigieux,
Dans une ombre où pourtant on sentira des yeux,
Tout au fond d'une crypte obscure, une statue
Se dressera, d'un voile insondable vêtue,
Et de la tête aux pieds ce voile descendra ;
Et, plus que sur Isis, et plus que sur Indra,
Plus que sur le Sina, plus que sur le Calvaire,
Les ténèbres seront sur ce spectre sévère,
Colosse par une âme inconnu habité ;
Et l'on n'en verra rien que son énormité.
La figure sera haute de cent coudées,
Et d'un seul bloc ; jamais les Indes, les Chaldées,
Et les sculpteurs d' Egypte ayant l'énigme en eux,
N'auront rien maçonné de plus vertigineux.
Nul ne pourra lever le voile aux plis de pierre.
Personne ne saura s'il est une paupière
Pouvant s'ouvrir, un oeil pouvant verser des pleurs,
Sous ce masque, et s'il est quelqu'un sous les ampleurs
De ce suaire aux yeux humains inabordable ;
Pourtant on sentira que ce spectre n'est pas
La haine, le glacier, le tombeau, le trépas ;
Qu'il semble un spectre, étant sous le plus lourd des voiles,
Mais que ce noir linceul peut-être est plein d'étoiles ;
On sentira qu'il aime, et que l'on est devant
Le seul être, le seul esprit, le seul vivant.
Grands, petits, faibles, forts, le géant et l'atome
Sentiront l'univers présent dans ce fantôme ;
D'une peur confiante envahis par degrés,
Ils seront effrayés et seront rassurés ;
Le vieillard et l'enfant, l'ignorant et le mage,
Frémissants, comprendront qu'ils sont devant l'image
De la Réalité suprême, et qu'en ce lieu
Jéhova, Jupiter et Brahma pèsent peu ;
Que là s'évanouit tout dogme et toute bible,
Et que rien n'est méchant, quoique tout soit terrible.

Oui, terrible, mais bon ; formidable, mais doux.
Dans ce temple, païens, chrétiens, parsis, indous,
Tous ceux, fakir, santon, rabbin, flamine, bonze,
Qu'une religion tient dans sa main de bronze,
Sentiront cette main s'ouvrir et les lâcher.

Le ciel ; de l'idéal pétri dans du rocher,
On ne sait quoi de tendre au fond de cette pierre,
Une forme de nuit debout sur la frontière
De l'inconnu, muette et rigide, et pourtant
D'accord avec le monde immense palpitant,
L'âme qui fait tout naître et sur qui tout se fonde,
Voilà ce que ce temple, en son ombre profonde,
Fera vaguement voir à ceux qui passeront.
Les autres temples, faits de ce qui se corrompt,
Bâtis avec l'erreur, la démence et la fable,
Faux et vains, et faisant bégayer l'ineffable,
Se seront écroulés depuis longtemps déjà
Au vaste ébranlement du genre humain en marche ;
Mais celui-ci, n'ayant point de koran, point d'arche,
Point de prêtres, aucun pontife, aucun menteur,
Entouré de l'abîme et seul sur la hauteur,
Demeurera debout sur la terre où nous sommes,
Et ne craindra pas plus le passage des hommes
Que l'étoile ne craint le vol des alcyons.

Il n'expliquera point au coeur les passions,
A l'esprit le problème, et la tombe à la vie ;
Mais il fera germer chez tous l'ardente envie
De monter, de grandir, et de voir au delà.
Où ? Plus loin. Le zénith que Thalès contempla,
Les constellations, ces effrayants fulgores
Que regardaient errer les pâles Pythagores,
Les orbes de la vie obscure entre-croisés,
La science qui cherche et dit : Jamais assez !
Ne contesteront point ce temple, et, dans l'espace,
Par tout le gouffre et par toute l'ombre qui passe
Il sera vénéré, n'ayant point ici-bas
Aggravé par l'erreur nos douleurs, nos combats,
Nos deuils, et n'ayant point de reproche à se faire.

Sous l'âpre voûte ayant la rondeur d'une sphère,
La statue, impassible et voilée, aura l'air
De rêver, attentive aux forêts, à la mer,
Aux germes, à l'azur, aux nuages, aux astres ;
Pas de frises aux toits ; aux murs pas de pilastres ;
Le granit nu qu'aucun ornement n'interrompt ;
Et, rien ne remuant, les hommes trembleront ;
Et les méchants seront mal à l'aise ; et les justes,
Et les bons, et tous ceux dont les coeurs sont augustes,
Les sages, les penseurs, sentiront le plein jour
Sur leur âme, leur foi, leur espoir, leur amour,
Comme sous le regard d'une énorme prunelle.

Derrière la statue, une lampe éternelle
Brûlera comme un feu dans l'antre aux visions,
Et, cachant le foyer, montrera les rayons
De façon à lui mettre une aurore autour d'elle,
Pour enseigner au peuple ému, grave et fidèle,
Que cette énigme est bien une divinité,
Et que si c'est la nuit c'est aussi la clarté.
Le colosse sera noir sur une auréole ;
Et nul souffle, nul vent d'orage, nul éole
Ne fera vaciller l'immobile lueur.
Les sages essuieront à leur front la sueur
Devant cette splendeur sortant de ces ténèbres,
Et comprendront que l'Être ignoré, mais certain,
Brille, étant le lever de l'éternel matin,
Et pourtant reste obscur, car aucune envergure,
Aucun esprit ne peut saisir cette figure ;
Il est sans fin, sans fond, sans repos, sans sommeil.
Et pour être Mystère il n'est pas moins Soleil.


Victor Hugo - 17 avril 1874

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16 avril 2006 7 16 /04 /avril /2006 10:01

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 16 avril :

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TOUTE LA LYRE

LES SEPT CORDES

II - LA NATURE

- XVI -


Un monument romain dans ce vieux pré normand
Est tombé. Les enfants qui font un bruit charmant
Vont jouer là, vers l'heure où le soleil se montre,
Et quand on va du Havre à Dieppe on le rencontre.
Quelque pâtre accroupi sur le bord du chemin
Vous y mène, ou vous suit en vous tendant la main.
Le hameau voisin mêle aux branches ses fumées,
Et l'on entend les coqs chanter dans les ramées.
C'est là, vous dit le pâtre, et vous ne voyez rien.
Des pierres, des buissons. -- Mais, en regardant bien,
Si l'on se penche un peu, l'on distingue, dans l'herbe
Où prairial rayonne en sa gaîté superbe,
D'anciens frontons sculptés, bas-reliefs triomphaux,
Monstres chargés de tours et chars ornés de faulx,
Des soldats, qui, sans nuire au vol des hirondelles,
Assiègent sous les fleurs de vagues citadelles ;
Et l'on voit, sous les joncs comme sous un linceul,
Le grand César rêvant dans la nuit, triste et seul,
Les daces, noirs profils pleins d'injure et de haine,
L'ombre, et je ne sais quoi qui fut l'aigle romaine.


Victor Hugo - 16 avril 1847

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15 avril 2006 6 15 /04 /avril /2006 09:53

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 15 avril :

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LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS

RELIQUAT

DANS LES BOIS


Un pinson jasait avec une aigrette ;
Je fixais mes yeux au fond du hallier
Sur cette lorette
Et cet écolier.

Il disait : -- Il pleut. Dieu change l'affiche ;
Et nous donne octobre en place de mai ;
Mais moi je m'en fiche ;
Je chante enrhumé.

Elle répondit : -- Ce qui me chagrine,
C'est que Jacques soit trompé par Suzon.
-- Est-elle serine !
Cria le pinson.


Victor Hugo - 15 avril 1855

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14 avril 2006 5 14 /04 /avril /2006 09:12

Voici un poème que Victor Hugo écrivit un 14 avril :

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TOUTE LA LYRE

LES SEPT CORDES

I - L'HUMANITE

XXIX - ECRIT SUR UN LIVRE DU JEUNE MICHEL NEY

Enfants ! fils des héros disparus ! fils des hommes
Qui firent mon pays plus grand que les deux Romes,
Et qui s'en sont allés, dans l'abîme engloutis !
Vous que nous voyons rire et jouer tout petits,
Sur vos fronts innocents la sombre histoire pèse.
Vous êtes tout couverts de la gloire française.

Oh ! quand l'âge où l'on pense, où l'on ouvre les yeux,
Viendra pour vous, enfants, regardez vos aïeux
Avec un tremblement de joie et d'épouvante.
Ayez toujours leur âme en vos âmes vivante,
Soyez nobles, loyaux et vaillants entre tous ;
Car vos noms sont si grands qu'ils ne sont pas à vous !
Tout passant peut venir vous en demander compte.
Ils sont notre trésor dans nos moments de honte,
Dans nos abaissements et dans nos abandons ;
C'est vous qui les portez, c'est nous qui les gardons.


Victor Hugo - 14 avril 1847

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