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24 mars 2006 5 24 /03 /mars /2006 00:00

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 24 mars :

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LES VOIX INTERIEURES

- III -


Quelle est la fin de tout ? la vie, ou bien la tombe ?
Est-ce l'onde où l'on flotte ? est-ce l'onde où l'on tombe ?
De tant de pas croisés quel est le but lointain ?
Le berceau contient-il l'homme ou bien le destin ?
Sommes-nous ici-bas, dans nos maux, dans nos joies,
Des rois prédestinés ou de fatales proies ?
Ô Seigneur, dites-nous, dites-nous, ô Dieu fort,
Si vous n'avez créé l'homme que pour le sort ?
Si déjà le calvaire est caché dans la crèche ?
Et si les nids soyeux, dorés par l'aube fraîche,
Où la plume naissante éclôt parmi des fleurs,
Sont faits pour les oiseaux ou pour les oiseleurs ?


Victor Hugo - 24 mars 1837

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23 mars 2006 4 23 /03 /mars /2006 08:08

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 23 mars ( sans mention de l'année )
:

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LES VOIX INTERIEURES

VII - A VIRGILE


Ô Virgile ! ô poëte ! ô mon maître divin !
Viens, quittons cette ville au cri sinistre et vain
Qui, géante, et jamais ne fermant la paupière,
Presse un flot écumant entre ses flancs de pierre,
Lutèce, si petite au temps de tes césars,
Et qui jette aujourd'hui, cité pleine de chars,
Sous le nom éclatant dont le monde la nomme,
Plus de clarté qu'Athène et plus de bruit que Rome.

Pour toi qui dans les bois fais, comme l'eau des cieux,
Tomber de feuille en feuille un vers mystérieux,
Pour toi, dont la pensée emplit ma rêverie,
J'ai trouvé, dans une ombre où rit l'herbe fleurie,
Entre Buc et Meudon, dans un profond oubli,
- Et quand je dis Meudon, suppose Tivoli ! -
J'ai trouvé, mon poëte, une chaste vallée
A des coteaux charmants nonchalamment mêlée,
Retraite favorable à des amants cachés,
Faite de flots dormants et de rameaux penchés,
Où midi baigne en vain de ses rayons sans nombre
La grotte et la forêt, frais asiles de l'ombre !

Pour toi je l'ai cherchée, un matin, fier, joyeux,
Avec l'amour au coeur et l'aube dans les yeux;
Pour toi je l'ai cherchée, accompagné de celle
Qui sait tous les secrets que mon âme recèle,
Et qui, seule avec moi sous les bois chevelus,
Serait ma Lycoris si j'étais ton Gallus.

Car elle a dans le coeur cette fleur large et pure,
L'amour mystérieux de l'antique nature !
Elle aime comme nous, maître, ces douces voix,
Et, le soir, tout au fond de la vallée étroite,
Les coteaux renversés dans le lac qui miroite,
Et, quand le couchant morne a perdu sa rougeur,
Les marais irrités des pas du voyageur,
Et l'humble chaume, et l'antre obstrué d'herbe verte,
Et qui semble une bouche avec terreur ouverte,
Les eaux, les prés, les monts, les refuges charmants,
Et les grands horizons pleins de rayonnements !

Maître ! puisque voici la saison des pervenches,
Si tu veux, chaque nuit, en écartant les branches,
Sans éveiller d'échos à nos pas hasardeux,
Nous irons tous les trois, c'est-à-dire tous deux,
Dans ce vallon sauvage, et de la solitude,
Rêveurs, nous surprendrons la secrète attitude.
Dans la brune clairière où l'arbre au tronc noueux
Prend le soir un profil humain et monstrueux,
Nous laisserons fumer, à côté d'un cytise,
Quelque feu qui s'éteint sans pâtre qui l'attise,
Et, l'oreille tendue à leurs vagues chansons,
Dans l'ombre, au clair de lune, à travers les buissons,
Avides, nous pourrons voir à la dérobée
Les satyres dansant qu'imite Alphésibée.


Victor Hugo - 23 mars 18...

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22 mars 2006 3 22 /03 /mars /2006 07:45

Voici un poème que Victor Hugo a écrit pendant une nuitre, d'un 21 à un 22 mars :

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LES VOIX INTERIEURES

- XVIII -


Dans Virgile parfois, dieu tout près d'être un ange,
Le vers porte à sa cime une lueur étrange.
C'est que, rêvant déjà ce qu'à présent on sait,
Il chantait presque à l'heure où Jésus vagissait.
C'est qu'à son insu même il est une des âmes
Que l'orient lointain teignait de vagues flammes.
C'est qu'il est un des coeurs que, déjà, sous les cieux,
Dorait le jour naissant du Christ mystérieux !

Dieu voulait qu'avant tout, rayon du fils de l'homme,
L'aube de Bethléem blanchît le front de Rome.


Victor Hugo - Nuit du 21 au 22 mars 1837

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21 mars 2006 2 21 /03 /mars /2006 07:52

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 21 mars, jour du printemps ( alors
qu'il venait d'avoir 14 ans ! ) :

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OCEAN

VERS DE JEUNESSE

LE PRINTEMS


Enfin le printemps de la terre
A chassé les tristes frimas :
Des Zéphyrs la troupe légère
Revient embellir nos climats.
L'on n'entend plus dans la vallée
Mugir les terribles autans,
Et sur la plaine désolée
L'eau ne tombe plus par torrens.
L'hiver au fond de ses montagnes
A fui pour ne plus revenir ;
Tout s'anime dans nos campagnes,
La terre semble rajeunir.
Déjà l'azur de l'empyrée
N'est plus obscurci de vapeurs,
La nature belle et parée
Renaît déjà parmi les fleurs.
Le berger sous de frais ombrages
Chante sa Chloris et l'amour,
Et les oiseaux de leurs ramages
Remplissent les bois d'alentour.
De petits ruisseaux dans la plaine
Traînent en murmurant leurs eaux,
Et des Zéphyrs la douce haleine
Soupire à travers les rameaux.
Ici, dans les jardins que Flore
Comble de toutes ses faveurs,
Mille fleurs s'empressent d'éclore,
Et charment l'oeil par leurs couleurs.
Là, dans un riant pâturage
Errent de superbes taureaux,
Et la chèvre agile et sauvage
Broute sur le flanc des côteaux.
Mais lorsque tout dans la nature
Semble s'orner et s'embellir,
Lorsque tout reprend sa parure,
Echo, seule on t'entend gémir.
De ta plainte toujours nouvelle
Tu fais retentir nos vallons,
Et pour t'écouté, Philomèle
Suspend un moment ses chansons.
Que vois-tu ? Du haut des montagnes
Roule un torrent impétueux,
Qui dans nos brillantes campagnes
Répand ses flots tumultueux.
Tantôt, cascade éblouissante,
Du sommet d'un roc sourcilleux
Il tombe, et son onde bruyante
Rejaillit au loin vers les cieux.
Tantôt, dans son cours plus tranquille
Il coule sans être arrêté,
Et dans un terrain peu fertile
Apporte la fécondité.
Le laboureur plein d'espérance
Voit l'arbre de fleurs se couvrir,
Son coeur se réjouit d'avance
Des fruits qu'il y pourra cueillir.
Pour moi, de qui la faible Lyre
Médite des sons peu flatteurs,
Printems, si ta grâce m'inspire,
J'espère plaire à mes lecteurs.


Victor Hugo - 21 mars 1816

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20 mars 2006 1 20 /03 /mars /2006 07:34

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 20 mars :

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TOUTE LA LYRE

LES SEPT CORDES - VI

- XXXIV -

UN JOUR QU'ELLE M'AVAIT DIT : DONNEZ-MOI VOS YEUX


Oh ! mes yeux sont à vous. ils sont, je le proclame?
Audacieux,
Car leur regard parfois monte jusqu'à votre âme
Ou jusqu'aux cieux !

Gardez-les. Je vous donne, ô grand coeur que j'admire
Dans vos douleurs,
Leur langage secret, leur flamme, et leur sourire
Avec leurs pleurs.

A vous tout droit sur eux ! le droit doux et suprême
De les charmer,
Le droit de les ouvrir, et, quand vous voudrez même,
De les fermer !


Victor Hugo - 20 mars 1845

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19 mars 2006 7 19 /03 /mars /2006 09:46

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 19 mars :

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LES CHÂTIMENTS

LIVRE SEPTIEME

LES SAUVEURS SE SAUVERONT

- I -


Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée.

Quand Josué rêveur, la tête aux cieux dressée,
Suivi des siens, marchait, et, prophète irrité,
Sonnait de la trompette autour de la cité,
Au premier tour qu'il fit, le roi se mit à rire ;
Au second tour, riant toujours, il lui fit dire :
" Crois-tu donc renverser ma ville avec du vent ? "
A la troisième fois l'arche allait en avant,
Puis les trompettes, puis toute l'armée en marche,
Et les petits enfants venaient cracher sur l'arche,
Et, soufflant dans leur trompe, imitaient le clairon ;
Au quatrième tour, bravant les fils d'Aaron,
Entre les vieux créneaux tout brunis par la rouille,
Les femmes s'asseyaient en filant leur quenouille,
Et se moquaient, jetant des pierres aux hébreux ;
A la cinquième fois, sur ces murs ténébreux,
Aveugles et boiteux vinrent, et leurs huées
Raillaient le noir clairon sonnant sous les nuées ;
A la sixième fois, sur sa tour de granit
Si haute qu'au sommet l'aigle faisait son nid,
Si dure que l'éclair l'eût en vain foudroyée,
Le roi revint, riant à gorge déployée,
Et cria : " Ces hébreux sont bons musiciens ! "
Autour du roi joyeux riaient tous les anciens
Qui le soir sont assis au temple, et délibèrent.

A la septième fois, les muraillent tombèrent.


Victor Hugo - 19 mars 1853, Jersey

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18 mars 2006 6 18 /03 /mars /2006 07:58

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 18 mars :

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L'ANNEE TERRIBLE

MARS

IV - L'ENTERREMENT


Le tambour bat aux champs et le drapeau s'incline.
De la Bastille au pied de la morne colline
Où les siècles passés près du siècle vivant
Dorment sous les cyprès peu troublés par le vent,
Le peuple a l'arme au bras ; le peuple est triste ; il pense ;
Et ses grands bataillons font la haie en silence.

Le fils mort et le père aspirant au tombeau
Passent, l'un hier encor vaillant, robuste et beau,
L'autre vieux et cachant les pleurs de son visage ;
Et chaque légion les salue au passage.

Ô peuple ! ô majesté de l'immense douceur !
Paris, cité soleil, vous que l'envahisseur
N'a pu vaincre, et qu'il a de tant de sang rougie,
Vous qu'un jour on verra, dans la royale orgie,
Surgir, l'éclair au front, comme le commandeur,
Ô ville, vous avez ce comble de grandeur
De faire attention à la douleur d'un homme.
Trouver dans Sparte une âme et voir un coeur dans Rome,
Rien n'est plus admirable ; et Paris a dompté
L'univers par la force où l'on sent la bonté.
Ce peuple est un héros et ce peuple est un juste.
Il fait bien plus que vaincre, il aime.
........................................Ô ville auguste,
Ce jour-là tout tremblait, les révolutions
Grondaient, et dans leur brume, à travers des rayons,
Tu voyais devant toi se rouvrir l'ombre affreuse
Qui par moments devant les grands peuples se creuse ;
Et l'homme qui suivait le cercueil de son fils
T'admirait, toi qui, prête à tous les fiers défis,
Infortunée, as fait l'humanité prospère ;
Sombre, il se sentait fils en même temps que père,
Père en pensant au fils, fils en pensant à toi.

Que ce jeune lutteur illustre et plein de foi,
Disparu dans le lieu profond qui nous réclame,
Ô peuple, ait à jamais près de lui ta grande âme !
Tu la lui donnas, peuple, en ce suprême adieu.
Que dans la liberté superbe du ciel bleu,
Il assiste, à présent qu'il tient l'arme inconnue,
Aux luttes du devoir et qu'il les continue.
Le droit n'est pas le droit seulement ici-bas .
Les morts sonT des vivants mêlés à nos combats,
Ayant tantôt le bien, tantôt le mal pour cibles ;
Parfois on sent passer leurs flêches invisibles.
Nous les croyons absents, ils sont présentS ; on sort
De la terre, des jours, des pleurs, mais non du sort .
C'est un prolongement sublime que la tombe.
On y monte étonné d'avoir cru qu'on y tombe.
Comme dans plus d'azur l'hirondelle émigrant,
On entre plus heureux dans un devoir plus grand ;
On voit l'utile avec le juste parallèle ;
Et l'on a de moins l'ombre et l'on a de plus l'aile.
Ô mon fils béni, sers la France, du milieu
De ce gouffre d'amour que nous appelons Dieu,
Ce n'est pas pour dormir qu'on meurt, non, c'est pour faire
De plus haut ce que fait en bas notre humble sphère ;
C'est pour le faire mieux, c'est pour le faire bien.
Nous n'avons que le but, le ciel a le moyen.
La mort est un passage où pour grandir tout change ;
Qui fut sur terre athlète est dans l'abîme archange ;
Sur terre on est borné, sur terre on est banni ;
Mais là-haut nous croissons sans gêner l'infini ;
L'âme y peut déployer sa subite envergure ;
C'est en perdant son corps qu'on reprend sa figure.
Va donc, mon fils ! va donc, esprit ! deviens flambeau.
Rayonne. Entre en planant dans l'immense tombeau !
Sers la France. Car Dieu met en elle un mystère,
Car tu sais maintenant ce qu'ignore la terre,
Car la vérité brille où l'éternité luit,
Car tu vois la lumière et nous voyons la nuit.


Victor Hugo - Paris, 18 mars 1871

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17 mars 2006 5 17 /03 /mars /2006 00:23

Voici un poème que Victor Hugo a écrit un 17 mars :

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LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT

III - LE LIVRE LYRIQUE - LA DESTINEE

XVII - EN MARCHANT LE MATIN


Puisque là-bas s'entr'ouvre une porte vermeille,
Puisque l'aube blanchit le bord de l'horizon,
Pareille au serviteur qui le premier s'éveille,
Et, sa lampe à la main, marche dans la maison,

Puisqu'un blême rayon argente la fontaine,
Puisqu'à travers les bois l'immense firmament
Jette une lueur pâle et calme que la plaine
Regarde vaguement,

Puisque le point du jour sur les monts vient d'éclore,
Je m'en vais dans les champs tristes, vivants et doux ;
Je voudrais bien savoir où l'on trouve une aurore
Pour cette sombre nuit que nous avons en nous !

Que fait l'homme ? La vie est-elle une aventure ?
Que verra-t-on après et de l'autre côté ?
Tout frissonne. Est-ce à moi que tu parles, nature,
Dans cette obscurité ?


Victor Hugo - 17 mars 1854

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16 mars 2006 4 16 /03 /mars /2006 13:02

Voici un poème que Victor Hugo a écrit en mars 1871 (sans précision de la date exacte) :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+

L'ANNEE TERRIBLE

MARS

V

Coup sur coup. Deuil sur deuil. Ah ! l'épreuve redouble.
Soit. Cet homme pensif l'acceptera sans trouble.
Certe, il est bon qu'ainsi soient traités quelques-uns.
Quand d'âpres combattants, mages, soldats, tribuns,
Apôtres, ont donné leur vie aux choses justes,
Ils demeurent debout dans leurs douleurs robustes.
Tu le sais, Guernesey, tu le sais, Caprera.

Sa conscience est fixe et rien n'y bougera.
Car, quel que soit le vent qui souffle sur leur flamme,
Les principes profonds ne tremblent pas dans l'âme ;
Car c'est dans l'infini que leur feu calme luit ;
Car l'ouragan sinistre acharné sur la nuit
Peut secouer là-haut l'ombre et ses sombres toiles,
Sans faire dans leurs plis remuer les étoiles.

Victor Hugo - mars 1871

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15 mars 2006 3 15 /03 /mars /2006 00:20

N'ayant pas trouvé de poème de Victor Hugo daté d'un 15 mars, voici un court
poème qu'il a écrit en mars 1842 :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

LES CONTEMPLATIONS

LIVRE TROISIEME - LES LUTTES ET LES REVES

IV - ECRIT AU BAS D'UN CRUCIFIX


Vous qui pleurez, venez à ce Dieu, car il pleure.
Vous qui souffrez, venez à lui, car il guérit.
Vous qui tremblez, venez à lui, car il sourit.
Vous qui passez, venez à lui, car il demeure


Victor Hugo - mars 1842

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