De : Le Zappe
Date : Mardi 19, Février 2002 10:00
Objet : ACIDE
ACIDE
à Andras Pandy
Il revoit sans émoi tous ces jours lointains
déjà qu'il n'a pas vu passer. Une fatigue
sourde l'étreint le soir. Il marche sur la digue
d'hiver. Pluie et ressac. Bas, le ciel est d'étain.
Les ombres qui viennent, il semble les connaître :
celle-ci sur ses rails et l'autre que le vent
empêche d'avancer. Celui-là vu souvent
à rôder dans le bourg, lorgnant dans les fenêtres.
Et tous ceux encore dont la vie intérieure
fut murée avec soin par l'épouse ou l'amant :
les secrets, les inquiets, les sournois, les déments.
Et tous ceux encore que la vie antérieure
a marqués comme au fer et qui, l'apercevant,
lui font signe de loin. Une saute de vent
les dissout dans la nuit.
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Hier, débutait à Bruxelles le procès d'Andras Pandy, pasteur hongrois
soupçonné d'avoir tué six personnes : ses deux épouses et quatre de
ses enfants. On n'a retrouvé aucun cadavre. Par contre, dans ses
trois domiciles, on a découvert une quantité impressionnante de
flacons d'acide, vides. Pandy nie, malgré les accusations de sa
fille. Il va certainement être condamné à perpétuité, et pourtant, il
n'y a aucune preuve contre lui, puisqu'on n'a pas retrouvé la moindre
molécule de ses six (au moins : lorsqu'il habitait en Hongrie, on
s'était déjà posé pas mal de question au sujet de personnes qui
l'avaient fréquenté et qui, elles aussi, avaient disparu) proches
disparus. C'est crapuleux : même le crime parfait ne paie plus.
El Zappe.