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10 janvier 2006 2 10 /01 /janvier /2006 00:00

Victor Hugo datait souvent ses poèmes. Il en a écrit tellement qu'on en trouve à toutes les dates de l'année :

TOUTE LA LYRE

LES SEPT CORDES - III -

- XXXVIII -


Je rêve une nature innocente et meilleure ;
Je ne comprends pas bien pourquoi le regard pleure ;
Et comment il se peut que de l'oeil effaré
Sorte une larme après qu'un rayon est entré ;
Où la lumière vient doit demeurer la joie ;
Dans ce frais paradis idéal où j'emploie
Mes songes, où je mets le possible divin,
On chantera, chanter n'est pas stérile et vain,
Chanter est le doux bruit des esprits sur les cimes ;
En jetant l'harmonie aux profondeurs sublimes,
Aux vents, aux océans, aux sillons, aux prés verts,
Une chanson travaille à l'immense univers ;
La mélodie utile et sainte est une haleine ;
Une femme qui passe en chantant dans la plaine
Mêle une vague lyre au rhythme universel ;
De là, plus d'âme aux fleurs et plus d'azur au ciel ;
De là je ne sais quelle indulgence sereine.

On n'aura pas besoin de se donner de peine
Pour se sentir aimé là-haut dans l'infini ;
Le nid sera sacré, l'épi sera béni ;
Tout germe engendrera son fruit, toute promesse
Tiendra parole, et sans église ni sans messe,
Sans prêtres, tant sera transparent le ciel bleu,
La soif verra la source et l'âme verra Dieu.

Victor Hugo - 10 janvier 1876

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