Victor Hugo datait souvent ses poèmes. Il en a écrit tellement qu'on en trouve à toutes les dates de l'année :
TOUTE LA LYRE
LES SEPT CORDES
IV - L'ART
- XXIV -
Dans le monde meilleur que rêve mon caprice,
Tout chantera ; le chant du travail est l'ami ;
Et, malgré La Fontaine et grâce à Paul Meurice,
La cigale dira son fait à la fourmi.
Un jour, tout finira par être l'harmonie ;
Chante en attendant, Jeanne. Au zénith, au nadir,
Dieu collabore avec une lyre infinie ;
Un passereau qui chante aide un chêne à grandir.
Quiconque chante émeut la nature ravie ;
La musique est la soeur des rayons réchauffants ;
Une chanson éparse est utile à la vie ;
Chantez, petits oiseaux ; chantez, petits enfants.
Le soir, à l'heure où l'ombre endort les nids qui rêvent,
Quant tout s'éteint, un astre apparaît au couchant,
Quand tout se tait, les voix de l'infini se lèvent,
La nuit veut une étoile et le silence un chant.
Victor Hugo - 16 janvier 1876