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7 février 2006 2 07 /02 /février /2006 09:33
É… comme Éléphant
Quelle ne fut pas ma surprise en lisant dans la remarquable étude du professeur T*** que l’éléphant possédait quatre genoux (cf. Les clés du bestiaire no 5). Après de longues recherches, je peux affirmer qu’il n’en est rien : l’éléphant a des coudes et une fameuse paire encore ! De plus que faire avec quatre genoux si ce n’est se faire remarquer comme catéchumène particulièrement dévot ? Le professeur T*** dont tous se plaisent à souligner la rigueur scientifique, délaissant le domaine de la raison, avait-il rejoint les rangs des tenants de l’obscurantisme confessionnel ? Sinon où était-il aller pêcher ces lubies ? L’éminent scientifique était pourtant parfaitement innocent, pris par une étude primordiale visant à déterminer si le Beaujolais nouveau est plus gouleyant à vomir qu’à boire, étude à laquelle le jury Nobel s’intéresse de si près qu’il semble que les jeux soient faits, l’éminent scientifique disais-je, avait confié à un assistant le soin de publier son texte. C’est ce dernier qui est responsable de cette inflation rotulienne. Malice cléricale ou incompétence ? Nul ne le sait puisqu’en bonne justice française la condamnation a précédé l’enquête et l’indélicat a été remercié immédiatement à coups de pompes dans le train.
La vérité étant rétablie, il est bon de signaler que l’éléphant, doté de nombreux dons, est un excellent montagnard qui franchit les cols sans équipements spéciaux. L’Histoire en a retenu deux exemples. Tout d’abord Hannibal (Barca, pas Lecter) qui traversa les Pyrénées et les Alpes avec son armée et ses éléphants. La tradition dit que ses soldats étaient si contents en arrivant en Italie qu’ils manifestèrent leur jubilation en jetant leurs piques aux nues selon une vieille coutume carthaginoise.
L’autre exemple est celui de Roland le preux qui franchit le col de Roncevaux en jouant avec son éléphant. Je précise qu’à l’époque, l’orthographe française n’avait pas encore atteint ce degré de développement qui fait le régal de tous et « éléphant » se notait « olifant ». Roland avait parié qu’il arriverait au sommet du col avant son olifant mais, handicapé par un cor il ne put réussir. Son compagnon Olivier l’avait d’ailleurs prévenu : « Ne barris jamais avec un éléphant, tu perdrais ! » (Olivier, enrhumé, parlait du nez). Des littérateurs aussi peu compétents que l’assistant du professeur T*** ont inventé à ce propos une fumeuse histoire d’embuscade pendant laquelle Roland soit sonne de son cor (pourquoi pas d’un œil de perdrix !) soit dans une défense d’éléphant (alors que l’éléphant est doté d’une trompe sonore !). Ces élucubrations montrent bien que la sottise n’a pas d’âge !
Les anglo-saxons surnomment l’éléphant « Jumbo » et appellent les plus gros aéroplanes Jumbo-jets. Un célèbre dessin animé avait déjà tenté de faire croire que les éléphants volaient. Il n’en est rien et c’est heureux : ceux qui se sont déjà fait fienter dessus par un pigeon en conviendront volontiers.
En Grande-Bretagne, le mot « trunk » signifie à la fois « malle » et « trompe » et les insulaires prétendent qu’un éléphant part en voyage quand sa trompe est pleine. Mais dans ce cas comment fait-il pour actionner sa trompe quand il se fait la malle ?
Décidément, si Petit-Breton est célèbre pour son coup de pédale, le Grand-Breton reste mystérieux.
Claude Brunet
 
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