N'ayant pas trouvé de poème de Victor Hugo écrit un 28 mars, je vous propose
celui-ci écrit en mars 1870 (sans précision du jour) :
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LES ANNEES FUNESTES
LX - A ***
Ou vous êtes naïf ou vous êtes subtil.
Une réforme ! où donc ? Un progrès ! quel est-il ?
Vous dites qu'un grand pas est fait. Quel pas ? Je cherche.
A Mandrin pataugeant Jocrisse tend la perche.
Le coup d'état devient ondoyant et divers.
Nous en vîmes l'endroit, nous en voyons l'envers.
Je ris sans admirer. Quel spectacle ! Sodome
Brusquement transformée en Paraclet ; Prudhomme
Trouvant trop rouge encor le bonnet de coton
D'Arlequin qui jadis se grimait en Caton ;
Tom Pouce dans un coin qui se croit cent coudées ;
La trahison criant : Messieurs, j'ai des idées !
L'ogre au bon peuple enfant disant : Baisez papa !
Tous les sous-entendus d'un faux mea culpa ;
L'empire devenu, sorte d'oison sans ailes,
Presque un pensionnat de jeunes demoiselles ;
Tibère concourant pour le prix Monthyon ;
Goton rose devant la moindre question ;
Rouher baissant les yeux, Maupas mettant un voile ;
Et toujours l'araignée au centre de sa toile !
Toujours le piège ! Une ombre où grondent les fléaux !
Aujourd'hui le néant et demain le chaos !
Un nain creusant un gouffre !
...............................Ô Dieu Partout visible,
Sauve-moi du petit, fût-ce dans le terrible !
Jette-moi, Dieu puissant, chez quelque nation
Entrant, superbe et sombre, en révolution,
Ou sur quelque océan que la tempête éclaire !
Que j'entende, épelant ce que dit ta colère
Dans un langage obscur, mystérieux et beau,
Ou la foudre parler, ou tonner Mirabeau !
Victor Hugo - Mars 1870