2 février 2009
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11:05
La métaphore, j’aime bien ; vous l’aurez certainement constaté. Cette figure de style permet à son auteur de mieux se faire comprendre grâce à l'économie de mots et à l’impact que confère cette forme particulière de comparaison destinée à frapper le lecteur.
Si un quotidien titre « Tremblement de Terre lors de l’élection de Miss France » à l’occasion d’un fait divers croustillant, cela prête à sourire et l’on peut penser que le but du journaliste est atteint. D’ailleurs, la métaphore est un des outils humoristiques préférés car elle permet de mettre en parallèle des situations très différentes : cette incongruité déclenche fréquemment le rire. Pourtant, il existe des métaphores que je qualifierai de douteuses, dans la mesure où il existe un tel écart entre ce qu’elles sont censées qualifier et la nature de l’original que leur utilité est quasiment nulle.
Il existe des gradations dans la métaphore et pour sortir du rang, c’est la surenchère. Dans ce domaine, la technique est simple : il suffit que la source de la comparaison soit très forte, si possible connotée dramatiquement. Si j’affirme que mon patron ne fait pas attention à mes doléances, cela aura moins de poids que si je le qualifie d’autiste.
En ces temps de contestation tous azimuts, les références métaphoriques vont bon train dans le domaine du conflit, en particulier puisées dans la Deuxième Guerre mondiale qui a connu son lot d’atrocités. Les enseignants protestataires entrent comme un seul Ohm en résistance, par analogie à la minorité active qui n’avait pas accepté l’Occupation… Et que je te fais une comparaison avec Lucie Aubrac, Jean Moulin, etc. Quand on y réfléchit, il s’agit d’un Point Godwin* déguisé.
Pour moi, s’autoproclamer « résistant » alors qu’on continue à vivre douillettement, sans aucun risque, contrairement aux résistants de référence qui vivaient dans la peur et qui, pour beaucoup d’entre eux, ont rencontré prématurément la mort, est une scandaleuse usurpation d’identité, limite révisionniste. Comment prendre au sérieux des propos nécessitant une telle métaphore abusive ? Si l’insignifiance d’un discours est proportionnelle à son exagération on n'est pas loin du degré zéro dans l’échelle de la crédibilité !
Pour moi, s’autoproclamer « résistant » alors qu’on continue à vivre douillettement, sans aucun risque, contrairement aux résistants de référence qui vivaient dans la peur et qui, pour beaucoup d’entre eux, ont rencontré prématurément la mort, est une scandaleuse usurpation d’identité, limite révisionniste. Comment prendre au sérieux des propos nécessitant une telle métaphore abusive ? Si l’insignifiance d’un discours est proportionnelle à son exagération on n'est pas loin du degré zéro dans l’échelle de la crédibilité !
Mais si ces rebelles de pacotille persistent dans cette voie, je leur suggère l’usage des métaphores suivantes :
Pour un enseignant qui est nommé sur un poste qu’il ne souhaitait pas occuper, on parlera de déportation.
Il ne s’agira plus de l’Inspection académique mais de la Geheime Staatspolizei.
On ne parlera plus d’heures de soutien scolaire mais de STO…
Il ne s’agira plus de l’Inspection académique mais de la Geheime Staatspolizei.
On ne parlera plus d’heures de soutien scolaire mais de STO…
Ce qui vaut pour le mot « résistance », vaut aussi pour les mots « ôtage », « terrorisme » « désobéissance civile », etc.
Quand les borgnes sont dépassés, il n’y a plus de lignite.
Michel Tournon
Michel Tournon
* Rappel : un certain Godwin a estimé que, plus une discussion durait sur Usenet, plus la probabilité de l'apparition d'une référence à la Deuxième Guerre mondiale s'approchait de 1.