Date : Tue, 11 Feb 2003 20:23      

     De : jbouzou

  Objet : La Passion de Cri-Cri - 1

NOIR

Les trois coups sont tapés... puis plusieurs petits coups s'entremêlent

anarchiquement...

LUMIÈRE PROGRESSIVE

Une petite scène.

En arrière plan, un décor avec deux crucifiés et un coucher de soleil.

Au centre de la scène, une croix surmontée d'un panneau type plaque d'immatriculation de voiture sur lequel est marqué INRI.

Sur la croix, un homme, la trentaine, cheveux longs et blonds, avec barbe et

moustache, portant une couronne d'épines et le corps zébré de sang. Il est vêtu d'un paréo rouge à grosses fleurs

blanches avec des (faux) pieds énormes. Il bouge la tête, les yeux fermés, en souriant.

Au pied de cette croix, il y a un tas de vêtements.

De part et d'autre de la croix, montés sur des escabeaux en aluminium, deux légionnaires romains - avec cuirasse, glaive, casque et tout le toutim ; celui de gauche porte des tennis (Reebok), l'autre, à droite, a, enroulé autour de la taille, un sweat-shirt rouge avec un gros smiley jaune. Posée sur leur escabeau, leur lance. Munis chacun d'une massette, ils tapent sur le clou enfoncé dans les pieds du crucifié.

Une sonnerie de portable - sur l'air du pont de la rivière Kwaï - retentit .

Les légionnaires s'arrêtent, se regardent, reposent leur massette et commencent à palper leur cuirasse...

LÉGIONNAIRE À GAUCHE DU CRUCIFIÉ

C'est pas le mien, Grosanus, je l'ai oubliée à l'Oppidum.

(Le légionnaire de droite sort  de sa cuirasse, un téléphone portable, la sonnerie retentit encore plus fort...)

LÉGIONNAIRE GROSANUS

Oui, Grosanus. J'écoute...

(Pendant ce temps, Olibrius descend de son escabeau et s'approche de Grosanus pour écouter la conversation. Le crucifié là-haut sourit toujours en dodelinant la tête...)

Mes respects M. Le Préfet... Oui, Monsieur le Préfet, on a presque fini... Bien sûr, Monsieur le Préfet... Ca sera fait, Monsieur le Préfet... À vos ordres, Monsieur le préfet...

(Il appuie sur un bouton du portable puis le range dans sa cuirasse.)

(s'adressant à Olibrius) C'était Monsieur le Préfet.

LÉGIONNAIRE OLIBRIUS

Ah bon ? ? ?.

(L'air très étonné, il regarde sa montre...)

Tiens, c'est bizarre... D'habitude à cette heure-là, il pionce Pilate... Qu'est-ce qu'il voulait au fait ?

LÉGIONNAIRE GROSANUS (montrant du doigt, le crucifié)

Savoir où en était le clou de notre spectacle... Bon Olibrius, va falloir qu'on s'active un peu.

(Olibrius remonte sur son escabeau. et ils se remettent tous deux à taper comme des fous sur le clou des pieds du crucifié...)

LE CRUCIFIÉ (ouvrant les yeux et criant)

Haaaaaaaa Haaaaaaa... Vous n'avez pas fini de me casser les pieds, non ! ?

(Il ramène ses deux bras vers lui, enlève avec sa main droite la couronne d'épines qu'il accroche sur le panneau INRI. On s'aperçoit alors qu'il porte un casque musical. Avec ses deux mains, Il rabat le casque d'écoute vers l'arrière. puis passe sa main gauche derrière son dos et en tire un lecteur CD...)

(très en colère) Nom de Dieu, mais c'est pas vrai, ça !. on peut même plus vivre sa passion en paix.

(Il tapote  sur le lecteur CD...)

GROSANUS

Désolé Cri-Cri mais y a Pilate qui vient de nous bigophoner.  faut qu'on finisse le boulot.

(Cri-cri raccroche le lecteur CD à l'arrière de son paréo...)

CRI-CRI

Vous êtes vraiment marteaux, vous les Romains, hein !... Faites donc un peu moins de bruit que je puisse écouter le requiem de Mozart... J'ai besoin de me concentrer, moaaa, ce soir... c'est pas tous les jours qu'on meurt. et en plus y a pas de répète... et si je suis pas bon, si je rate ma sortie.. Papa m'a promis de me faire revenir parmi vous illico presto... C'est pas que je vous aime pas, les gars... mais vous êtes épuisants... je dirais même que vous êtes tuants à la fin.

(Cri-cri repositionne son casque dans les cheveux, récupère la couronne d'épines et la repose sur sa tête, remet ses bras en croix et à nouveau ferme les yeux... mais avec cette fois-ci une grimace de souffrance...)

OLIBRIUS

Mais il se prend pour qui çui-là, hein, Grosanus ?... Il se prendrait pas un peu pour Dieu, non ?!

GROSANUS

Bah, il a raison. il lui reste quelques heures à vivre... On peut respecter ça.

(Il descend de l'escabeau, fouille le tas de vêtements, tire un marcel avec le logo de Nike, le jette un peu plus loin, tire ensuite une grande cape rouge qu'il regarde...)

Une cape rouge... Un peu matuvu ce Cri-Cri... Tiens, Olibrius, prends en un bout.

(Olibrius s'exécute. Grosanus tire son glaive et le positionne en haut et au milieu de la cape...)

Et maintenant tire !.

(Tous deux tirent... et sous le glaive,  la cape se déchire en deux...)

Maintenant fais comme moi.

(Il enroule le tissu en plusieurs couches autour du fer de la massette... Olibrius le regarde puis fais de même..)

Et ben voilà, l'travail !. on va pouvoir continuer à bosser sans l'gêner l'Cri-Cri .

OLIBRIUS (admiratif)
Waouh, tu m'épates Grosanus. t'es toujours plein de ressources, toi... J'me demande comment ça se fait qu't'aies pas encore été nommé ceinturon... Heu, centurion j'veux dire !

(regardant la croix) Dis donc, au fait, toi qui est si fûté... ça veut dire quoi, INRI ?.

GROSANUS

« Iesus Nazarenus Rex Iudaeroum »

OLIBRIUS (grimaçant)

Quoi ? ? ?

GROSANUS (en aparté au public en levant les yeux au ciel)
Quel gros bourin c't'Olibrius !..  Comprend même pas sa propre langue.

(s'adressant à Olibrius) C'est rien. c'est juste la marque du fournisseur de croix. T'sais bien qu'ils en profitent toujours pour s'faire de la pub sur l'dos des martyrs.

OLIBRIUS

Ah ok !

(Grosanus les yeux fermés, secoue la tête en soupirant...)

zean-louis