Les mauvaises prévisions concernant la pandémie de la grippe H1N1 ont provoqué une méfiance de la population vis-à-vis des vaccins en général : les obscurantistes en ont profité pour diffuser à grande échelle leur propagande concernant la dangerosité des vaccins. Et de produire moult témoignages de personnes non vaccinées et jamais malades. Le drame, c’est que ces branquignoles ne sont pas intellectuellement équipés pour comprendre que s’ils sont épargnés, c’est que les virus ne se multiplient ni ne se répandent plus justement grâce aux personnes vaccinées. Un vaccin obligatoire contre la connerie serait d’ailleurs préférable, en amont de tous les autres.
La méfiance actuelle s’amplifie à cause du scandale des médicaments dangereux malgré tout prescrits à cause du lobby pharmaceutique. Résultat : une maladie pratiquement éradiquée comme la rougeole fait un come back en force, faute de vaccination systématique. Le Midi Libre consacre un article détaillé concernant le département du Gard. On peut y lire notamment :
Cette recrudescence de la rougeole est jugée comme « préoccupante » par l’ARS* qui rappelle que la maladie, « généralement bénigne, peut entraîner des complications graves (pneumonies, atteintes cérébrales) chez les nourrissons de moins d’un an, mais également les adolescents et jeunes adultes, les personnes immunodéprimées et les femmes enceintes non protégées contre le virus ».
Le médecin interrogé précise que pour une éradication totale, la couverture vaccinale doit être de 95%, alors qu’elle ne cesse de décroître.
La vaccination contre la rougeole provoquerait des cas d’autisme. Cette affirmation figure parmi les nanardises colportées par les obscurantistes militants. Elle se fonde sur une étude faite il y a une douzaine d’années par un médecin anglais, Andrew Wakefield. Or, Le British Medical Journal de janvier 2011 publie un article démontrant que l’étude en question était frauduleuse et qu’en particulier, ce bon docteur avait truqué les résultats pour dézinguer le vaccin en usage afin de promouvoir un autre de son cru.
La démarche est toujours la même : on part d’une information dont le seul crédit scientifique réside en la qualité de médecin de celui qui la profère. Bien évidemment tous les neuneus tendance New age l’amplifient et la multiplient grâce à Internet. Il est toujours plaisant de constater que certaines études de la médecine (officielle) qu’ils combattent sont reprises par les obscurantistes parce qu’elles concordent avec leur idéologie. « Mon fils est autiste à cause du vaccin, ce n’est pas moi qui le dis, c’est un docteur anglais ! ».
Le débat avec les obscurantistes est aussi simple que leur pensée est simpliste : leurs arguments se fondent sur des études fantaisistes voire démenties ou sur le grand complot : l’absence d’étude concernant l’éventualité de la dangerosité d’un produit est la preuve que l’on nous cache tout, en particulier à cause du lobby des labos pharmaceutiques. En poussant ce raisonnement à l’extrême, on peut appliquer le principe de précaution pour tout : et si la tête de veau vinaigrette, outre qu’elle chatouille et même gratouille, favorisait le cancer du côlon ? Je ne mangerai plus cette saloperie tant qu’une étude validée n’aura pas prouvé le contraire !
Les vaccins sauvent des vies. Les neuneus, qui prétendent l’inverse sont des criminels. Le pire, c'est que parmi eux, on trouve des vrais médecins ou vrais scientifiques. Des abrutis, des déjantés ou des neuneus, il y en a dans toutes les professions : pourquoi le milieu médical serait-il épargné ? Se planquer derrière des docteurs en médecine pour valider les thérapies débiles qu'ils préconisent n'est pas un gage de validité : qui se prévaudrait du travail de Petiot ou de Mengele uniquement parce qu’ils étaient de vrais médecins ?
Michel Tournon
*ARS = Agence Régionale de Santé.