Apple vs PC, c’est comme la chanson populaire de Claude François : Ça s’en va et ça revient…
Je suis toujours adhérent d’une liste de diffusion à vocation professionnelle concernant l’informatique scolaire : de manière cyclique, la comparaison entre ces systèmes informatiques revient sur le tapis. La dernière livraison en date a débuté par le renvoi à un article dans lequel les pratiques commerciales drastiques de la Pomme sont dénoncées, en pure perte tant la dévotion frise parfois l’autisme.
La plupart des personnes utilisant un ordinateur ne connaissent généralement pas le type, ni la marque, ni le système d’exploitation. Un propriétaire d’ordinateur Apple, lui possède un Apple dont il est fier et avec lequel il entretient des liens charnels. Et c’est là qu’un glissement a lieu : la sempiternelle et néanmoins vaine comparaison entre les deux systèmes est un faux débat : le vrai débat, c’est d’analyser les motivations des supporters viscéraux représentés par la majorité des propriétaires d'ordinateurs Apple.
L’immense majorité des ordinateurs dans le monde sont des PC avec Windows, et l’immense majorité de leurs utilisateurs n’imaginent même pas qu’un autre système existe, même si par ailleurs le génie de la copie et du marketing de Steve Jobs les incitent à vouloir acheter IPod et autre IPhone.
Suite à la dénonciation des pratiques commerciales sus-évoquées, sur la liste de diffusion, comment croyez-vous que les dévots réagirent ? Comme d’habitude, ils manièrent le sermon et le prêche à l’apple : notre système est le meilleur et il ne tombe jamais en panne. Réponse évidemment hors sujet si l’on se fonde sur le contenu du message initial qui concernait les méthodes de vente.
Et là, je pose la question : que se passe-t-il dans leur tête dévot ? Puisque l’empathie est si à la mode, je n’hésite pas à me glisser dans la peau d’un adepte tombé dans les pommes depuis longtemps. Et illico, dans ma Ford intérieure, je me pose la question : pourquoi suis-je obligé de ramener ma fraise, euh non ma Pomme, pour défendre du matériel manufacturé au pays de Oui-oui, alors que ce n’est pas le sujet et que l’on ne m’a rien demandé ?
En fait l’empathie pâtit d’approximations : si j’avais été touché par la Révélation, que dis-je, la Grâce, de ces ordinateurs couleur sucre d’orge, je me dirais in petto : Putain, Michel, tu fais partie du Peuple Élu ! Tu appartiens à la minorité des bienheureux qui ont su faire le bon choix ! Alléluia ! La majorité de l’humanité est constituée de Philistins qui font rien qu’à faire un mauvais choix, et c’est tant pis pour leur gueule, il y en aura plus pour moi, nananananère. C’est vrai quoi : quand on connaît un coin à champignons, une petite crique au sable doré sympa, voire un pensionnat de jeunes filles amènes, on ne va pas hurler leur adresse sur les toits !
Ça, ce serait ma réaction ; on le sait, elle n’est pas partagée, mais je me demande d’où vient ce besoin de prosélytisme des utilisateurs de Mac ? Comme j’ai un esprit dont la causticité ferait pâlir un quintal de soude, je suppute ces personnes non seulement de s’emmerder dans leur petit monde fatalement restreint de Bisousnours et de pratiquer la méthode Coué pour continuer à se persuader qu’ils ont fait le bon choix, des fois que les regrets d’avoir payé beaucoup plus cher un matériel somme toute banal ne les assaillent : après tout, pour ridiculiser les Béotiens et leur fenêtre, on écrit Micro$oft, alors qu’on devrait écrire en dix fois plus gros $teve Job$ !
Les motivations ci-dessus sont pure spéculation de ma part, bien que je sois sûr que Dieu reconnaîtra les siens, si on l’opère de la cataracte. Pour montrer mon ouverture d’esprit, je vais donc ignorer le paragraphe précédent et me mettre toujours à la place de mon pote Applemaniac, celui qui a eu la Révélation, comme le précédent, mais qui ferme sa gueule, parce il n’est pas très disert, peu loquace, voire mutique et en aucun cas prosélyte. Cette situation doit être odieuse : se sentir entouré de foutriquets et autres marauds incapables de discerner leur propre intérêt et les laisser se tirer une balle dans les deux pieds en achetant un compatible IBM doit être insupportable, genre Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! Pour ces malheureux, le monde n’est qu’une vallée de larmes.
Respectons leur souffrance, quand, malgré eux, ils sont obligés de travailler dans un milieu hostile uniquement pourvus de ces horribles PC qui ressemblent à des urnes funéraires plutôt qu’à l’IMaculée conception. Ne rions pas : la souffrance au travail, c’est aussi cela. Les conventions collectives reconnaîtront prochainement les traumatismes subis de cette façon : sinon, comment enrayer les suicides chez France Télécom ? Comme mode opératoire, je suggère la défenestration rien que pour montrer la responsabilité de Bill Gates dans ces suicides ! Et puis, avec une fenêtre à guillotine, on peut faire d'une pierre deux coups...
Avant de terminer, je précise que j’ai possédé des ordinateurs Apple, que dans le cadre de mes activités professionnelles j’ai utilisé des centaines (milliers ?) d’ordinateurs dont des Apple et des Mac, qu’au même titre que j’ai des amis noirs et mulâtres sans oublier les métisses, j’ai des amis qui possèdent des ordinateurs Apple, même que parfois il s’agit des mêmes, qu’en tout état de cause j’ai de quoi m’acheter un Apple couleur Fisher Price mais vu que je ne suis même pas baptisé, et que je n'ai pas encore eu la Révélation, j'hésite de peur de faire une erreur d'autant que je ne sais pas si cette secte pratique la circoncision.
Je rends toutefois hommage au génie du marketing que fut Steve Jobs, adorateur de la pomme, qui, sur son lit de mort pensant à tous ceux qui achètent béatement ses produits, aurait dit « On ne vit que des poires ».
Michel Tournon