Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 février 2006 7 12 /02 /février /2006 04:12

Voici la première partie d'un long poème que Victor Hugo écrivit du 11 au 17
février 1821 :

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+

ODES ET BALLADES

ODE QUATRIEME

QUIBERON

- I -

Par ses propres fureurs le Maudit se dévoile ;
Dans le démon vainqueur on voit l'ange proscrit ;
L'anathème éternel qui poursuit son étoiLe,
Dans ses succès même est écrit.
Il est, lorsque des cieux nous oublions la voie
Des jours, que Dieu sans doute envoie
Pour nous rappeler les enfers ;
Jours sanglants qui, voués au triomphe du crime,
Comme d'affreux rayons échappés de l'abîme,
Apparaissent sur l'univers.

Poëtes qui toujours, loin du siècle où nous sommes,
Chantres des pleurs sans fin et des maux mérités,
Cherchez des attentats tels que la voix des hommes
N'en ait point encor racontés,
Si quelqu'un vient à vous vantant la jeune France,
Nos exploits, notre tolérance,
Et nos temps féconds en bienfaits,
Soyez contents ; lisez nos récentes histoires,
Evoquez nos vertus, interrogez nos gloires :
Vous pourrez choisir des forfaits ;

Moi, je n'ai point reçu de la Muse funèbre
Votre lyre de bronze, ô chantres des remords !
Mais je voudrais flétrir les bourreaux qu'on célèbre,
Et venger la cause des morts.
Je voudrais, un moment, troublant l'impur Génie,
Arrêter sa gloire impunie
Qu'on pousse à l'immortalité ;
Comme autrefois un grec, malgré les vents rapides,
Seul, retint de ses bras, de ses dents intrépides,
L'esquif sur les mers emporté !

( à suivre )

Partager cet article
Repost0

commentaires