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16 juillet 2002 2 16 /07 /juillet /2002 02:04

   Date : Tue, 16 Jul 2002 03:04       

     De : Ze Bath Leurre   

  Objet : LE GOÛT DU SEANT - prêt-à-rimer

 

Le prêt-à-rimer : on prend les rimes d'un poème déjà existant, en en gardant le dernier mot de chaque vers ; on peut garder aussi le rythme (nombre de pieds). Voilà, on a la structure, il suffit de composer alors un tout autre poème.

 

L'intérêt :

1) techniquement, c'est un exercice de style comme un autre, plutôt agréable à faire.

2) esthétiquement, chacun sait que les goûts et les couleurs... blablabla

3) littérairement, si le prêt-à-rimer n'a pas vocation à passer à la postérité, il a le mérite de faire lire des oeuvres originales qui peuvent rester, sans cela, enfouies dans les bibliothèques.

 

... qui se souvient de ce poème de Baudelaire, "Le goût du Néant" ?... eh bien, je vous en prie, (re)lisez-le, puis, si le coeur vous en dit, poursuivez par le prêt-à-rimer que j'en ai tiré :

 

LE GOÛT DU NEANT ( Ch. Baudelaire )

 

Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,

L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur,

Ne veut plus t'enfourcher ! Couche-toi sans pudeur,

Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte.

 

Résigne-toi, mon coeur ; dors ton sommeil de brute.

 

Esprit vaincu, fourbu ! Pour toi, vieux maraudeur,

L'amour n'a plus de goût, non plus que la dispute ;

Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte !

Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur !

 

Le printemps adorable a perdu son odeur !

 

Et le Temps m'engloutit minute par minute,

Comme la neige immense un corps pris de roideur ;

Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur.

Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.

 

Avalanche, veux-tu m'emporter dans ta chute ?

 

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

... maintenant, le prêt-à-rimer...

 

LE GOÛT DU SEANT ( Z. Bauderrière )

 

Sculpté comme celui d'un vrai champion de lutte,

Potelé, qui déchaîne les folles ardeurs,

A peine frémissant par excès de pudeur,

Arrogant et si fier, pointé comme une butte,

 

Il ramène l'esprit du sage à l'état brut.

 

Volage qui se donne au premier maraudeur,

Flagellé, puis choyé juste après la dispute,

Sourd comme le basson, sonore comme flûte,

Guilleret le matin, au soir triste et boudeur,

 

Il a des épices la capiteuse odeur.

 

Sans honte, dévoilé en moins d'une minute,

Provoquant du plus mol une extrême roideur,

Grasset possédant du chérubin les rondeurs,

Voilé que l'on dénude à l'ombre des cahutes,

 

Il hâte de nos reins l'interminable chute.

 

+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.+.

 

Ze Bath Leurre

> bon vent !

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