La récente "affaire Guerlain" a remis au goût du jour le choix des mots (pas le phoque des côteaux).
En effet, le dérapage de Jean-Paul Guerlain, qui pourtant devrait être au parfum, était double en affirmant : « travailler comme un nègre » et en y ajoutant « je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé... ».
L'usage du mot "nègre" est casse-gueule : notre copain The Little Bob nous indique que ce mot a un sens vieilli ou péjoratif. Rappelons-nous que l'homme a toujours pensé changer la nature des choses, voire des choses ressenties, rien qu'en changeant simplement leur nom : maghrébin, homme de petite taille, gardienne d'immeuble, etc.
Alors, comment reconnaître celui qui utilise ce mot dans son sens ancien ou dans son sens péjoratif ? Le distinguo est important, en particulier pour les indignés, outrés, voire scandalisés professionnels qui s'achètent une vertu en dénonçant les travers souvent supposés de leurs congénères.
Dans le doute, je propose que l'on bannisse ce mot du lexique de la langue française en utilsant un mot de substitution, jusqu'à que celui-ci soit remplacé par un autre quand il sera lui aussi jugé péjoratif, à son tour. L'humeur humaine est versatile et le sens d'un mot peut changer : comme pour la trahison, ce n'est qu'une question de temps.
Au restaurant, au moment du dessert, on commandera un black en chemise, en forêt on cherchera des bolets têtes de black, et à Nice on prendra une chambre à l'hôtel Blackesco (qui est quand même plus sélect que le Julilesco).
Sans parler de l'escroc qui ne sera plus un aigrefin mais un blackfin, ce que je trouve franchement désopilant car je suis un très bon public vis-à-vis des âneries que je peux écrire.
Quoi ? Qu'entends-je ? On ne doit plus dire Black mais Keubla ? Il serait temps que j'upgrade mes connaissances. La signification des mots n'est pas à sens unique et il est vivement déconseillé d'y stationner trop longtemps.
Michel Tournon